
L’Europe regagne en attractivité grâce aux plans de relance

Des investisseurs relativement confiants pour demain. Six mois après la publication de son baromètresur l’attractivité de l’Europe, EY vient de l’actualiser après avoir interrogé 109 dirigeants le mois dernier pour tenir compte de l'évolution de la crise du Covid.
Si la moitié des répondants estimait en avril que l’Europe attirerait moins les investissements après le Covid-19, ils ne sont plus que 27% à être négatifs. Près d’un quart estime même le Vieux Continent plus attractif (contre 8% en avril). Une évolution «très probablement due au plan de relance de 750 milliards d’euros annoncé par l’UE en juillet 2020, et aux plans nationaux, explique Marc Lhermitte, associé EY et auteur de l'étude. L’Europe pourrait être perçue par les multinationales comme une valeur refuge». L’Allemagne est considéré comme le pays européen le plus attractif pour les investissements étrangers en 2021 (pour 43% des répondants), devant le Royaume-Uni (40%) et la France (39%). «La France et le Royaume-Uni sont mieux jugés à l’extérieur qu’en leur sein, constate Marc Lhermitte. L’Allemagne bénéfice de son plan de relance par la demande, notamment avec la baisse de la TVA ; alors que la France mise sur un plan par l’investissement et la transformation, avec un horizon de moyen terme».
Les avis restent partagés sur le climat économique des trois prochaines années. Les dirigeants sont aussi nombreux (41%) à anticiper une période de volatilité liée à chaque confinement (55% en avril), qu’à tabler sur un retour à la normale (24% en avril). «Sur le moyen terme, les perspectives d’évolution de l’investissement ne varient pas, constate Marc Lhermitte. Les investissements technologiques – notamment avec le télétravail et la flambée du e-commerce – et la transition climatique demeurent les deux axes majeurs. Et en matière de RSE, le social et sociétal priment, en raison des conséquences de la crise sur l’emploi».
Les relocalisations attendront
Assez logiquement, les dirigeants prévoient une réduction significative de leurs investissements cette année. Ils ne sont toutefois plus que 42%, contre 66% en avril à prévoir une baisse, même s’ils sont plus nombreux (32% contre 23%) à anticiper des reports en 2021 ou 2022. Après une année 2019 record avec plus de 6.400 projets en Europe, «l’impact risque d’être brutal, notamment sur des territoires en pleine régénération», prévient Marc Lhermitte. Note d’espoir, 10% des dirigeants comptent augmenter leurs projets d’investissements dès cette année, ce que personne ne prévoyait en avril. «Les dirigeants ne craignent pas une crise systémique, mais se soucient davantage du tissu entrepreneurial et ont besoin d’être rassurés par la sécurité sanitaire, par la dynamique des marchés domestiques, par l’accès au capital et la liquidité des marchés financiers», ajoute Marc Lhermitte.
Aussi, «ce n’est pas encore l’heure du grand soir des modifications structurelles des chaînes de production et des relocalisations massives», poursuit Marc Lhermitte. Un tiers des dirigeants n’envisage pas de modification de leur supply chain, en raison de la crise du Covid, contre seulement 2% en avril. A l’époque 83% des dirigeants envisageaient des délocalisations en Europe de l’Est ou en Afrique du Nord, ils ne sont plus que 37%. «Les sociétés n’ont pas actuellement ni les moyens humains et financiers, ni un intérêt stratégique à modifier le maillage géographique de leurs sous-traitants, d’autant que les relocalisations coûtent cher, conclut Marc Lhermitte. Toutefois, le rebond de la France et de l’Europe passera par la relocalisation en 2021 et 2022. Mais avant la relance, il faut la reprise !».
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