
La capitale française est désormais jugée plus attrayante que Londres

La France rejoint le peloton de tête et revient au coude à coude avec le Royaume-Uni et l’Allemagne. Les projets d’investissements directs étrangers (IDE) en France ont bondi de 31% 2017, au même rythme que 2016, bien plus rapidement qu’en Europe (+10%) et que chez nos voisins britanniques et allemands (+6%), selon le baromètre EY 2018 sur l’attractivité hexagonale. «La France poursuit son rattrapage et profite à plein des mécanismes de compétitivité, comme le CICE, explique Marc Lhermitte, associé EY et auteur de l’étude. Mais le Royaume-Uni bénéficie encore de son faible coût du travail, et l’Allemagne de son économie puissante et exportatrice.»
D’ailleurs pour la première fois, Paris est jugé plus attractif que Londres par les dirigeants internationaux (selon l’enquête EY de janvier 2018). «La reprise de la croissance en Europe, le momentum français avec l’élection d’Emmanuel Macron, les entrechocs géopolitiques (Brexit, Catalogne, réforme fiscale aux Etats-Unis,…) conduisent à une plus grande confiance sur la France à moyen terme», ajoute Marc Lhermitte. Plus de la moitié (55%) des répondants à l’enquête EY estiment que l’attractivité de la France va s’améliorer sur les trois prochaines années, contre 45% pour l’Allemagne et 30% pour le Royaume-Uni. Néanmoins, parmi les sondés, seulement 4% des entreprises non implantées en France envisagent de s’installer dans l’Hexagone.
Un essai à transformer
Autre point de satisfaction, l’industrie est de nouveau un moteur de la croissance en France, avec un nombre d’investissements en hausse de 52%, sur l’ensemble du territoire. Plus de la moitié se situent en zone rurale ou dans des agglomérations de moins de 200.000 habitants. «La France reste la deuxième économie du continent, dispose d’un écosystème énergétique et d’infrastructures de transport qui attirent les entreprises étrangères, poursuit Marc Lhermitte. Elles peuvent trouver des bassins d’emplois avec les compétences nécessaires, alors que l’Allemagne est un marché contraint en raison de son plein emploi». Toutefois un bémol subsiste: la très grande majorité des nouveaux projets sont des extensions et non des créations de sites.
La France s’est également distinguée l’an dernier en matière d’accueil des sièges de sociétés. Elle passe de la cinquième à la deuxième place. Londres reste en tête. «Si le Royaume-Uni souffre du Brexit, il reste toujours la destination préférée des sociétés technologiques avec un écosystème beaucoup plus nourri qu’à Paris, constate Marc Lhermitte. En dix ans, trois fois plus de centres de décisions se sont installés outre-Manche qu’en France».
Si les traditionnels handicaps de la France – la fiscalité, la complexité administrative, le coût du travail et le droit du travail – subsistent, ils sont moins prégnants. Seul le coût du travail prend plus d’intensité. La France crée seulement 25 emplois par projet, contre 53 en moyenne en Europe et 42 au Royaume-Uni. «Le coût horaire chargé ressort autour de 37 euros en France et en Allemagne, contre 31 euros en moyenne en Europe et 26 euros au Royaume-Uni», rappelle Marc Lhermitte.
Aussi, «la France doit profiter du momentum positif actuel pour se transformer en profondeur et marquer encore plus son avantage. Elle a beaucoup de potentiel et est capable de surperformer la croissance européenne, mais ne doit pas sous-estimer le potentiel de rebond du Royaume-Uni. La bataille sera rude, notamment sur les secteurs technologiques et numériques», conclut Marc Lhermitte.
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