L’euro retrouve une dynamique propre

La devise européenne n’est plus uniquement portée par la faiblesse du dollar. Mais elle reste sous-évaluée et pourrait poursuivre sa hausse.
Xavier Diaz
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L’euro s’est apprécié de 10% depuis début mai face au dollar.  -  Crédit European Union EP.

Le dollar a perdu de sa superbe et la difficulté pour les autorités politiques américaines de trouver un accord sur un nouveau plan de relance ne fait qu’enfoncer encore plus le billet vert. L’indice dollar perdait encore 0,7% hier et baisse de 10% par rapport à son point haut de mi-mars.

Monnaie refuge pour nombre d’investisseurs lors des phases extrêmes de panique sur les marchés financiers, elle a perdu de son attrait avec la normalisation de la situation depuis mars grâce à l’intervention massive des banques centrales. Mais le billet vert est aussi affecté par des considérations domestiques : la mauvaise gestion de l’épidémie de coronavirus ainsi que les tensions avec la Chine et l’élection présidentielle en novembre. Les taux des Fed funds à zéro et les rendements des emprunts d’Etat américains à des plus bas historiques (0,52% pour le 10 ans) sont aussi un frein pour le dollar. Les stratégistes de Goldman Sachs estiment que la récente forte augmentation des dépenses budgétaires risque de l’affecter. Certains investisseurs craignent que la gestion de la crise par les Etats-Unis n’accélère aussi l’érosion de son statut de principale monnaie de réserve mondiale.

L’euro, qui s’est apprécié de 10% depuis début mai face au dollar, est l’une des devises à avoir bénéficié de cette situation. Dans un premier temps en raison de la faiblesse du dollar mais plus récemment pour des raisons plus spécifiques. «L’euro s’apprécie désormais par rapport aux autres devises», notent les stratégistes de Bank of America (BoA). L’accord sur le plan de relance commun européen a soutenu la monnaie unique. De fait, les positions longues sur l’euro face au dollar ont atteint leur niveau de mai 2018 (23% des positions ouvertes). Pour Kit Juckes, stratégiste chez SG CIB, la baisse de la volatilité sur les marchés, la réduction des spreads périphériques, notamment de l’Italie, et la diminution du différentiel de taux entre les Etats-Unis et la zone euro (au travers du Bund) ont soutenu l’euro.

Un problème pour les entreprises ?

Comme à chaque hausse de la devise européenne, d’autant plus qu’elle est rapide, les investisseurs s’inquiètent de son impact pour l’économie et les bénéfices des entreprises. UBS estime à 6% la baisse des profits pour une hausse de 10% de l’euro sur un an. «Si la hausse est impressionnante, il n’en demeure pas moins qu’elle se fait par rapport à des niveaux d’euro déprimés en mars», nuancent les stratégistes d’UBS qui estiment qu’il est peu probable que le niveau de l’euro soit un problème pour les entreprises compte tenu de la forte baisse des bénéfices cette année et du rebond en 2021.

De plus, la hausse de l’euro est à relativiser. «Malgré son récent rallye, l’euro est sous-évalué», notent les stratégistes de BoA. UBS rappelle que l’euro ne progresse que de 6% face au dollar depuis le début de l’année et que la parité euro-dollar n’est que 5% au-dessus de sa moyenne à 5 ans. Les analystes d’ING estiment que l’euro pourrait encore progresser à 1,25 dollar en cas de rotation des investissements vers les actions européennes qui n’ont pour l’heure pas bénéficié de ce courant favorable à l’euro, comme cela avait été le cas en 2017-2018.

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