
L’euro ravive le spectre d’un «flash crash» sur le marché des changes

L’euro a ravivé le spectre du «flash crash» subi par la livre sterling en octobre dernier. Vendredi matin, la monnaie unique a brusquement bondi sur les marchés asiatiques, se hissant en quelques minutes seulement à 1,0653 dollar soit une hausse de 1,6% avant de redescendre à 1,0543 dollar, provoquant le déclenchement d’ordres automatiques. L’euro a également grimpé en flèche par rapport à la devise japonaise. Il a augmenté de 0,6% pour atteindre 123,87 yens, son plus haut depuis le 15 décembre. Le franc suisse a suivi la monnaie unique dans son sursaut pour s'élever lui aussi de 1,6% face au dollar. «Le marché était particulièrement étroit, et tout à coup, l’offre a disparu et les traders court-termistes ont poussé l’euro en profitant d’ordres stop. Rien de plus», analyse Kaneo Ogino, en charge des changes chez Global-Info à Tokyo.
Même les actifs les plus liquides sont concernés
Du fait de sa soudaineté, les analystes ont toutefois comparé cette envolée momentanée de l’euro au «flash crash» qui avait fait perdre brutalement près de 10% à la livre début octobre en quelques minutes, également sur les marchés asiatiques où la liquidité est plus faible. A la suite de cet incident, le gouverneur de la Banque d’Angleterre avait demandé à la Banque des règlements internationaux (BRI) de mener l’enquête.
Ses conclusions ne sont pas encore connues mais la BRI reconnaissait dans son dernier rapport trimestriel que la compression des volumes sur le marché des changes pouvait contribuer à expliquer un «flash crash». Les volumes quotidiens sur le marché des changes ont chuté de 300 milliards de dollars au cours des trois dernières années, selon la BRI. «Le fait que les banques aient réduit leurs réserves de liquidités en raison des restrictions légales aggrave ces instabilités et tend à les rendre plus structurelles. Nous aurons à subir encore longtemps ce genre d’incidents», explique Alvin Tan, analyste à la Société Générale à Londres.
Ce nouvel épisode démontre encore une fois que même les actifs les plus traités n'échappent pas aux mouvements d’extrême volatilité. Avant la mésaventure de la livre en octobre, les obligations d’Etat américaines avaient elles aussi subi un «flash crash» en octobre 2014.
Plus d'articles du même thème
-
Le Jour de la Libération rebat les cartes
Retrouvez comme chaque semaine le coup d’œil de DeftHedge sur le marché des changes. -
EXCLUSIF
Les gestionnaires de taux contiennent leur panique
Les prévisionnistes de L’Agefi tendent à ajouter une baisse de taux à six mois tout en diminuant leurs prévisions pour les taux longs aux Etats-Unis et en augmentant celles sur la zone euro. -
L’âge d’or de l’Amérique se termine maintenant
Fossoyeur du multilatéralisme, le président Trump démantèle de manière systématique les instruments de la puissance américaine, estime la directrice des études économiques du Groupe Crédit Agricole.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions