
Les marchés jouent encore la carte d’un Brexit ordonné

Les assurances données lundi par Jean-Claude Juncker et Donald Tusk au gouvernement britannique ne devraient rien y changer. L’accord de Brexit négocié par la Première ministre Theresa May sur les conditions de sortie du pays de l’Union européenne a toutes les chances d’être rejeté ce mardi soir à la Chambre des Communes. Le statut de la clause de sauvegarde (backstop) sur la frontière entre les deux Irlande cristallise les critiques : dans leur courrier commun, les présidents de la Commission et du Conseil européen réaffirment le caractère temporaire du backstop et leur souhait de ne pas l’activer, mais sans vraiment répondre aux questions juridiques soulevées par les opposants à l’accord.
Avec un sterling s’échangeant quasiment au plus haut depuis début décembre contre le billet vert (1,286 dollar) et la monnaie unique (0,892 livre pour un euro), et un indice FTSE 100 qui bat l’Euro Stoxx sur un et trois mois, les actifs britanniques ont davantage réagi ces derniers temps au flux de nouvelles mondiales qu’aux perspectives de Brexit dur. «Les investisseurs semblent adopter l’hypothèse que le Brexit atteindra une conclusion pragmatique, note Dean Turner, économiste chez UBS. Mais les actifs domestiques continueront à être vulnérables aux événements sur le Brexit.» Les investisseurs peuvent se sentir encouragés par les récents votes du parlement britannique, témoignant d’une volonté de reprendre le contrôle du processus et d'éviter l’absence d’accord.
Si l’échec de Theresa May se confirme ce soir, toutes les options seront ouvertes. L’état du débat politique outre-Manche ne permet d’en privilégier aucune. Un Brexit dur sans accord reste l’issue par défaut au 29 mars. D’ici là, la Première ministre pourrait chercher un deuxième vote sur l’accord, mais il est peu probable que l’Union européenne donne d’autres garanties sur le backstop.
Dans le cas contraire, «il est probable que le gouvernement sera obligé de demander une extension de l’article 50», selon les économistes d’ING. Trois scénarios possibles l’exigeraient : des élections générales, consécutives au vote d’une motion de censure qui nécessiterait cependant le soutien de députés conservateurs et nord-irlandais (DUP) aux travaillistes pour faire tomber Theresa May ; un autre accord de retrait, que le gouvernement négocierait en suivant la feuille de route donnée par les parlementaires ; ou un second référendum, dont rien ne dit qu’il livrerait un résultat différent du premier.
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