
Les goulots d’étranglement seront longs à se résorber

La trajectoire de l’inflation dépendra de l’évolution des tensions dans la chaîne d’approvisionnement mondiale. Pour certains, le pic des difficultés aurait déjà été atteint alors que de premiers signes d’amélioration se manifestent.
Frédéric Rollin, conseiller chez Pictet AM, note un revirement de tendance sur l’indice Baltic Dry, un baromètre de l’évolution des prix du transport maritime. «Les récents indices PMI suggèrent que le plus dur serait derrière nous», ajoute William De Vijlder, chef économiste chez BNP Paribas. Dans la zone euro comme aux États-Unis, la part des entreprises confrontées à une hausse des prix des intrants et qui envisagent d’augmenter leurs prix a commencé à diminuer. Les délais de livraison raccourcissent. Selon les économistes de la Fed de New York, qui ont établi un indice pour suivre ces évolutions, les perturbations pourraient commencer à se réduire.
«Il semblerait que certaines tensions, notamment dans le secteur manufacturier, se sont atténuées mais restent fortes», nuance Sebastian Paris Horvitz, responsable de la recherche chez La Banque Postale AM. Elles devraient durer encore plusieurs trimestres en raison notamment des difficultés dans les transports. «Nous nous attendons à ce que les goulots d'étranglement du transport persistent en 2022 avec des problèmes tout au long de la chaîne d’approvisionnement, allant de la capacité des ports et des navires à la capacité des réseaux logistiques à livrer les marchandises à leur destination finale», note Kiki Sondh, économiste chez Oxford Economics.
Dans les ports, notamment sur la côte ouest des Etats-Unis, la diminution des embouteillages est en trompe-l’œil car les navires attendant au large pour être déchargés ne sont pas comptabilisés. L’utilisation de navires de plus petite taille aggrave en outre le problème de disponibilité de containers.
Oxford Economics anticipe une amélioration d’ici la seconde moitié de 2022, qui permettrait une accélération de l’activité industrielle. Mais cette prévision est mise à mal par la propagation du variant Omicron, notamment en Asie et en Chine, où la politique zéro-Covid reste en place. Cela risque de faire durer plus longtemps ces perturbations. William De Vijlder note que l’incertitude sur les prévisions économiques devrait rester très élevée étant donné l’importance des ruptures d’approvisionnement dans les perspectives de croissance et d’inflation.
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