Les chiffres solides de l’emploi américain secouent les marchés de taux

Le marché du travail reste sous tension aux Etats-Unis. Le taux à dix ans américain progresse et Wall Street recule.
Valérie Venck, Agefi-Dow Jones, avec Xavier Diaz
Les économistes ont exhorté la Fed à maintenir sa politique accommodante pour maximiser les gains d’emploi.
Au total, 390.000 emplois nets ont été créés en mai aux Etats-Unis.  -  Bloomberg

Le rythme des créations d’emplois aux Etats-Unis a légèrement ralenti en mai, tout en restant soutenu, et le taux de chômage est resté proche de ses points bas de février 2020, juste avant le début de la crise sanitaire.

Au total, 390.000 emplois nets ont été créés en mai aux Etats-Unis, après 436.000 en avril et 398.000 en mars, selon les données publiées vendredi par le département américain du Travail. Le taux de chômage dans le pays s’est établi à 3,6% en mai, comme en avril et mars.

Les économistes interrogés par le Wall Street Journal tablaient sur la création de 328.000 emplois nets et sur un taux de chômage de 3,5% le mois dernier. Le nombre de postes créés en avril avait initialement été estimé à 428.000.

«Des créations d’emplois notables ont eu lieu dans les secteurs des loisirs et de l’hôtellerie-restauration, des services aux entreprises, ainsi que du transport et de la logistique. L’emploi dans le commerce de détail a diminué», a indiqué le département américain du Travail dans son communiqué.

Les données de mai «diffèrent peu» de celles de février 2020, dernier mois avant la mise en oeuvre de mesures de confinement aux Etats-Unis pour lutter contre la propagation du Covid-19. Le taux de chômage s'établissait alors à 3,5%.

Le taux d’activité, soit le pourcentage de personnes travaillant ou recherchant un emploi, est ressorti à 62,3% le mois dernier, contre 62,2% en avril. Ce taux est inférieur à son niveau de février 2020, qui était de 63,4%.

L'économie atterrira-t-elle en douceur ?

Dans un contexte de très forte inflation et de ralentissement de l'économie aux Etats-Unis, les investisseurs surveillent de près l'évolution du marché du travail, la Réserve fédérale (Fed) ayant pour double objectif le plein emploi et la stabilité des prix.

Les investisseurs craignent que les hausses de salaires négociées dans un marché du travail tendu aggravent la situation de l’inflation. Au cours des 12 derniers mois, le salaire horaire moyen a augmenté de 5,2%, après 5,5% en avril, selon les données publiées vendredi.

Si la croissance des salaires commence à se modérer, elle «dépasse toujours nettement des niveaux conformes à l’objectif d’inflation de 2% de la Fed», qui devrait donc «continuer d’augmenter ses taux de 50 points de base lors de sa prochaine, voire de ses deux prochaines, réunions», commente Michael Pierce, économiste chez Capital Economics. Il précise que la croissance des salaires devra se rapprocher de 4% «avant que la Fed puisse affirmer avoir réalisé des progrès substantiels vers son objectif d’inflation».

Pour contenir la flambée des prix, la Fed a déjà relevé ses taux d’intérêt à deux reprises cette année, dont une hausse de 50 points de base en mai. Deux hausses de même ampleur sont attendues en juin et juillet, ce qui porterait le taux des fonds fédéraux dans une fourchette de 1,75% à 2%, comme avant la crise sanitaire.

Hausse du dix ans

Certains investisseurs commencent à craindre que la Fed poursuive son resserrement monétaire à un rythme prononcé au-delà de juillet et relève ses taux de 50 points de base en septembre également. Les responsables de la banque centrale ont indiqué viser des taux d’intérêt d’au moins 2,5% d’ici à la fin de l’année.

Sur les marchés de taux, les rendements des emprunts d’Etat accentuent leur hausse après la publication des chiffres de l’emploi. Le taux 10 ans américain avance de 7 points de base (pb), à 2,98%. Ces tensions sur les taux, et la perspective d’une Fed qui pourrait ne pas marquer de pause en septembre, pèsent sur les marchés actions. Les places boursières européennes sont étales et Wall Street a ouvert en baisse.

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