
L’économie britannique fait preuve de résistance

Après la récente décision de la Banque d’Angleterre de relever ses taux malgré les aléas liés au difficile processus du Brexit, le chiffre de la croissance britannique était attendu avec impatience. Finalement, l'économie d’outre-Manche a cru de 0,4% au deuxième trimestre, en accélération par rapport au premier (0,2%) grâce notamment aux ventes de détail, selon les données officielles (ONS).
Sur un an, la hausse du PIB atteint 1,3% (1,2% entre janvier et mars).
«L'économie a repris un peu de vigueur au deuxième trimestre, les ventes au détail et la construction ayant bénéficié d’une météo plus favorable après l’impact des neiges plus tôt dans l’année», a expliqué Rob Kent-Smith, statisticien chez l’ONS. Mais «le secteur manufacturier continue de décélérer par rapport au pic de la fin de l’année dernière et la croissance sous-jacente reste modeste au vu des comparaisons historiques», a-t-il ajouté.
Le 3 août, la Banque d’Angleterre (BoE) a annoncé un relèvement de son principal taux de 25 points de base à 0,75%. Son gouverneur, Mark Carney, s’est voulu rassurant concernant la capacité de l'économie du Royaume-Uni à résister aux difficultés à venir. Dans son rapport trimestriel sur l’inflation, la BoE a légèrement ajusté à la hausse ses prévisions pour les porter à un niveau moyen de 2,3% cette année, du fait de la dépréciation de la livre sterling, puis à 2,2% en 2019, avant de revenir à son objectif de 2% en 2020.
L’autorité anticipe en outre toujours une accélération du rythme annuel de croissance des salaires, de 2,75% cette année, à 3,25% et 3,5% au cours des deux prochaines années, et sur un taux de chômage qui se maintient sous le seuil de 4% à horizon fin 2020, avec un retour plus rapide que prévu en mai de l’écart de production (output gap) en zone positive et une légère accélération de la croissance du PIB à 1,8% en 2019. Autant de signes de soutien pour le niveau d’inflation, et donc sur les perspectives de resserrement de la BoE.
Mark Carney s’est pourtant inquiété, le 6 août dans un entretien à la BBC, du risque «désagréablement élevé» d’une sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne sans qu’un accord ait pu être trouvé sur les relations entre Londres et Bruxelles après le Brexit. A moins de huit mois de la date prévue pour l’entrée en vigueur du Brexit, aucun accord ne semble en vue et le gouvernement britannique n'écarte pas la possibilité d’un départ de l’UE sans accord. Ses propos ont fait reculer la livre sterling qui est repassé nettement sous le seuil de 1,30 dollar.
L'économie britannique a fortement décéléré après le vote, en juin 2016, en faveur d’une sortie de l’Union européenne et ses perspectives restent inférieures à celles de la plupart des autres grands pays développés.
Selon le directeur de la recherche économique d’Ostrum AM, Philippe Waechter, l'économie britannique est entrée dans une phase de ralentissement et l’effet de contagion de la vigoureuse activité du reste de l’Europe a été plutôt limité. Quant au marché domestique, il s’est montré faible, écrit-il. Avec une politique monétaire plus restrictive, le risque est donc d’amplifier la tendance actuelle à la décélération au Royaume-Uni, estime l'économiste.
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