
Le Royaume-Uni n’a pas encore vu tous les effets du Brexit

Une première bougie peu éclatante. Deux jours avant l’anniversaire ce vendredi de l’accord de sortie signé avec l’Union européenne (UE), le Royaume-Uni a vu sa croissance économique révisée en baisse pour le troisième trimestre, à +1,1% seulement au lieu de +1,3% en première estimation par l’Office for national statistics (ONS). Les services (hôtellerie, divertissements, etc.) et la consommation des ménages ont contribué un peu moins que prévu, la production et la construction ont aussi calé, avec les difficultés d’approvisionnement notamment.
Avant-dernier du G7
La croissance du PIB britannique devrait atterrir autour de 6,8% en 2021, après -9,4% (révisé) pour 2020. L’institut statistique essaye de se rassurer en précisant que la plupart des pays développés (hors Etats-Unis et France) n’avaient pas encore retrouvé à la fin du troisième trimestre leur niveau de PIB réel (une fois retraité de l’inflation) d’avant-covid. Mais le Royaume-Uni est avant-dernier du G7, juste devant le Japon, et bon dernier quand on regarde le PIB nominal malgré la faible inflation nippone. En dehors des services de santé et ceux liés aux dépenses gouvernementales, peu de secteurs ont retrouvé leur niveau d’avant-crise. Même la consommation globale reste au-dessous malgré un niveau élevé de dépenses en biens et services (les voyages semblent peser).
«Bien que le gouvernement ait choisi de reporter de nouvelles restrictions après Noël, il semble probable qu’un mélange de plus grande prudence des consommateurs et de mobilité réduite garantira une chute de la croissance du PIB du Royaume-Uni en décembre», note Andrew Goodwin chez Oxford Economics. Les indices PMI «flash» indiquaient déjà une chute de celle des services à un plus bas en dix mois le 16 décembre. Malgré des contaminations de plus en plus élevées avec le variant Omicron (902 cas pour 100.000 habitants), l’économiste rappelle que l’époque des soutiens publics semble révolue, et que le taux d’épargne des ménages est en chute libre (8,6% au troisième trimestre, après 10,7% au deuxième).
Commerce extérieur en berne
La croissance future semble conditionnée aux séquelles du Brexit qui apparaîtront davantage au fur et à mesure que le pays sortira de la crise pandémique, et également à l’inflation qui réduit le pouvoir d’achat - les marchés de taux anticipent depuis jeudi une remontée du taux directeur de 0,25% à 1,25% en 2022 pour y remédier -, malgré la relative bonne résistance de la livre sterling (-9% quand même par rapport au dollar et à l’euro depuis début 2016). Fin octobre, l’organisme public de prévision budgétaire (OBR, Office for budget responsibility) a rappelé que les conséquences du Brexit sur l’économie britannique seront être plus marquées si les effets de la crise sanitaire commencent à décliner, et risquent d’être plus longs à se résorber. L’OBR prévoit toujours que la sortie de l’UE «réduira le PIB à long terme d’environ 4%» (contre 2% cumulés finalement pour la pandémie, ndlr), même si la situation générale - notamment de l’emploi - s’est améliorée depuis.
L’île subit quand même davantage que d’autres pays les problèmes d’approvisionnement et les pénuries de main d’œuvre. Les services financiers dédiés n’ont pas complètement terminé leur déménagement dans l’UE, et le commerce extérieur devrait voir sa contribution au PIB passer de 0,8% en 2020 à -0,8% et -2,5% attendus en 2021 et 2022… Enfin, le Royaume-Uni n’est toujours pas, «malgré» la démission soudaine du ministre du Brexit David Frost le 18 décembre, à l’abri d’un Brexit dur prévu par l’accord du 24 décembre 2020 si les règles douanières en Irlande du Nord ne sont pas appliquées.
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