
Le Portugal et la zone euro s’évitent une crise de confiance

Lisbonne a évité le pire. DBRS, dernière des quatre agences de notation reconnues par la BCE à maintenir le Portugal en catégorie investisseur, a laissé vendredi soir inchangée sa notation BBB du pays, comme l’espérait le consensus des économistes. La perspective a de surcroît été maintenue à «stable», alors qu’un passage à «négative» aurait créé de la volatilité sur les taux portugais.
Les marchés et la zone euro peuvent donc pousser un «ouf» de soulagement. En cas de dégradation, la dette portugaise, 100% junk, serait devenue inéligible au programme d’achat de la BCE. Les banques portugaises n’auraient plus été en mesure d’utiliser les emprunts d’Etat comme collatéral pour leur refinancement auprès de la Banque centrale européenne, et auraient alors dû en passer par la coûteuse ligne de liquidité d’urgence (ELA), à l’image des banques grecques en février 2015. Avec le risque d’un effet boule de neige.
Retour attendu du spread vers les 275 pb
«Voilà ce qui se passe lorsqu’un pays perd son éligibilité auprès de la BCE : il se retrouve avec un système bancaire en ruine, des taux souverains qui montent en flèche, des inquiétudes sur la capacité du gouvernement à se refinancer et il subit un choc économique en raison du durcissement des conditions financières», relevaient vendredi les économistes du Crédit Agricole. Sur le marché obligataire, le spread entre les rendements portugais à 10 ans et le Bund allemand reflète ces craintes : il s’est écarté de 275 points de base mi-août à 350 pb début octobre, avant de revenir à 315 pb vendredi sur l’espoir d’un statu quo de DBRS. «Si la menace d’une dégradation est écartée, on peut s’attendre à un retour du spread vers la zone des 275 pb», écrivait UniCredit avant la décision de l’agence.
Le niveau absolu des taux portugais à 10 ans, supérieurs de 180 pb à ceux de l’Italie, montre cependant que les problèmes demeurent. «Si la non-dégradation enlève de l’incertitude à court terme (jusqu’à la prochaine décision de DBRS l’an prochain), nous restons prudents compte tenu des craintes fondamentales et des négociations sur le budget, à la fois au parlement et avec Bruxelles», estiment les économistes de Citi. L’objectif officiel d’un déficit à 1,6% du PIB en 2017 est jugé hors d’atteinte, la dette du pays continue de s’accroître, à près de 130% du PIB en 2016, et le secteur bancaire ploie toujours sous le poids des créances douteuses.
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