
Le logement, un premier test de responsabilité budgétaire pour Paris

Voilà longtemps que les annonces des agences de notation concernant la dette française ne provoquent plus chez les investisseurs qu’un haussement d’épaules. A l’inverse de Fitch fin avril, S&P s’est abstenue de dégrader le «AA» tricolore, mais dans un cas comme dans l’autre, l’impact financier est négligeable. Paris n’est ni Athènes ni Rome, dont la signature s’approche dangereusement de la catégorie spéculative, et jouit sur les marchés obligataires des qualités de ses défauts. La dette publique est pléthorique, mais sa liquidité en fait un actif prisé et plus rémunérateur que les emprunts allemands. Quant à l’incapacité de la France à résorber ses déficits, elle n’a d’égale que la diligence avec laquelle l’Etat fait rentrer les recettes fiscales dans ses caisses.
La décision de S&P évite donc à Paris un second camouflet en un mois. Pour autant, la perspective négative attachée à sa note constitue toujours un vote de défiance. Défiance à l'égard d’un gouvernement toujours prompt à dégainer le carnet de chèques au moindre problème. Défiance, aussi, vis-à-vis d’une classe politique française dont la séquence de la réforme des retraites a démontré l’irresponsabilité budgétaire, à quelques exceptions près.
S’il n’affecte pas encore la capacité du pays à emprunter, au-delà de la remontée des taux propre à toute la zone euro, le constat des agences comme celui des investisseurs est implacable : la France n’est plus crédible lorsqu’elle parle de désendettement. Les déficits primaires s’accumulent même dans les années fastes pour l’économie, les trajectoires annoncées à Bruxelles ne sont jamais respectées. Comment le seraient-elles davantage à l’avenir, alors que le rapport Pisany-Ferry vient d’évaluer à 25 points de PIB d’ici à 2040 le choc de la transition verte pour les finances publiques ?
Bercy le jure pourtant, l’heure est venue de mettre de l’ordre dans les comptes de l’Etat. Le calendrier offre justement une première occasion d’accorder les actes aux paroles. Ce lundi 5 juin, le Conseil national de la refondation présente ses conclusions en faveur du logement, une «bombe sociale» que l’on fait mine de découvrir en 2023 après l’avoir si longtemps escamotée lors des débats électoraux. Le secteur concentre tous les maux nationaux : absence de vision politique, injonctions contradictoires qui brident l’offre et stimulent la demande, inflation réglementaire d’un côté et gabegie budgétaire de l’autre. Dopés depuis trente ans aux subventions sans que celles-ci aient jamais résolu la moindre crise du logement, les professionnels de l’immobilier réclament, ô surprise, un nouveau coup de pouce fiscal. Si le gouvernement cédait et choisissait de remettre une pièce dans ce «système de surdépenses publiques pour de l’inefficacité collective», tel qu’Emmanuel Macron le qualifiait début mai, ce serait la pire des réponses à l’avertissement sans frais de S&P.
A lire aussi: La notation des dettes souveraines perd de son poids
Plus d'articles du même thème
-
Alstom va investir 150 millions d'euros en France pour accélérer la fabrication de ses TGV
Le groupe veut renforcer ses capacités pour répondre à la demande croissante en trains à grande vitesse. -
Des fonds néerlandais apportent 250 millions à un fonds d’immobilier médical
Trois fonds de pension dont Pensioenfonds Gasunie et Pensioenfonds voor de Woningcorporaties (SPW) participent à la levée du gérant spécialisé dans les résidences pour seniors. -
La Française REM se renforce dans le coliving pour Seniors
Le gestionnaire s’est porté acquéreur pour l’une de ses SCPI, d’un nouvel actif destiné à être un transformé.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions