
Le futur PEPP fait l’objet d’une bataille en coulisse

Le futur «Produit paneuropéen d'épargne-retraite individuelle» (PEPP) sera-t-il accessible aux gestionnaires d’actifs ? C’est l’une des batailles qui se jouent derrière la négociation de ce label actuellement en cours au Parlement européen et entre les 28 Etats de l’Union européenne. Pour rappel, la Commission européenne avait proposé en juin 2017 de créer un PEPP utilisable par les assurances comme par les gestionnaires d’actifs. Avec des conditions souples sur les modalités de déboursement : l'épargnant pourrait soit bénéficier d’une rente, soit toucher l’ensemble de la somme en une seule fois via un versement forfaitaire.
C’est une condition cruciale pour les gestionnaires d’actifs, qui – contrairement aux assureurs – n’ont pas les réserves de cash nécessaire pour assurer une rente. Le déboursement unique leur est donc nécessaire pour entrer sur ce marché, qui pourrait dépasser les 2.000 milliards d’euros dans les prochaines années. Une perspective qui n’enthousiasme pas côté assureurs, où on veut garder la main sur ce marché et ne pas «l’offrir à BlackRock et consorts».
Un produit flexible
Pour l’instant, les discussions sont à l’avantage de ces derniers. Au Parlement européen, les premières propositions d’amendements, discutées aujourd’hui, obligent à assurer au moins 35% des prestations en rente pour les PEPP de base (cf. amendement 159). «On veut mettre les personnes âgées à l’abris du besoin, pas leur verser une grosse somme pour s’acheter une Ferrari», y explique-t-on.
Même mouvement au sein des Etats, où un document franco-allemand circulé en février rappelait que seules les sorties en rentes «garanti(ssent) un revenu régulier à l'âge de la retraite». Des évolutions qui ne ravissent pas les assets managers, qui continuent à pousser pour un produit «flexible» - trois quart des Français favoriseraient des produits «permettant de récupérer son capital en une seule fois», selon un sondage publié en 2016 par l’Association française de la gestion financière.
«On ne peut pas limiter a priori les choix des consommateurs», résume Bernard Delbecque, chargé de la recherche économique à la Fédération européenne des fonds et sociétés d’investissement. «Cela va avoir un effet négatif sur la demande du futur PEPP, car les consommateurs veulent avoir plusieurs choix. Et également sur l’offre : pourquoi mettre en place des produits s’il n’y a pas assez de demande ?», conclut-il.
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