
Le Dax fait peau neuve

L’indice phare de la Bourse de Francfort va connaître le 20 septembre son plus gros lifting depuis sa création en 1988 en augmentant le nombre de ses composants de 30 à 40. Les dix nouveaux entrants seront annoncés par l’opérateur boursier allemand ce vendredi après la clôture du marché.
Le critère du chiffre d’affaires ne sera plus pris en compte dans le choix des sociétés entrantes dans l’indice mais désormais la capitalisation ajustée du flottant. Sur cette base et celle de la liquidité des titres, aucune des entreprises intégrant le Dax 30 ne devraient quitter l’indice, selon les analystes de Deutsche Bank (DB), qui estiment fort probable qu’Airbus, Zalando, Sartorius, Siemens Healthineers, Symrise, Brenntag, Porsche et HelloFresh fassent partie des 10 nouveaux composants. Qiagen, Puma, Beiersdorf, LEG Immobilien et Hannover Rueck devraient se disputer les places restantes.
Effet Wirecard
Cette évolution est l’une des conséquences du scandale Wirecard. L'élargissement de l’indice s’accompagne de critères de sélection renforcés. A partir de décembre, les entreprises aspirant à rejoindre le Dax devront avoir publié un résultat brut d’exploitation (Ebitda) positif au cours de leurs deux derniers exercices financiers. Elles devront également respecter des obligations de publication de comptes annuels et de résultats trimestriels audités, sous peine d’exclusion des indices. Ces entreprises devront aussi se mettre en conformité avec la recommandation du code allemand de gouvernance des entreprises de mettre en place un comité d’audit au sein du conseil. La composition de l’indice sera par ailleurs revue deux fois par an, en mars et septembre, contre une seule jusque-là.
Le plus important pour les investisseurs est néanmoins le changement de dimension de l’indice Dax. «Jusqu’à présent, le Dax couvrait une part plus faible de l’ensemble du marché boursier national par rapport à d’autres grands indices, souligne Christoph Ohme, gérant chez DWS. Après son expansion, il devrait passer de moins des deux-tiers à un peu plus de 80%, ce qui le placera dans la même catégorie que l’indice S&P 500.» Le gestionnaire allemand anticipe 350 milliards d’euros de capitalisation supplémentaire. Les analystes de DB prévoient une croissance de 20% de la capitalisation à 1.678 milliards d’euros.
Plus représentatif et plus diversifié
Les nouveaux venus vont en outre apporter davantage de diversité dans l’indice et probablement plus de croissance structurelle, avec notamment les secteurs de la technologie médicale et du commerce en ligne. «Un indice Dax plus étoffé va devenir plus attrayant pour les investisseurs domestiques et internationaux alors qu’il représente une part plus importante de l’économie allemande, tandis qu’une plus grande diversification le rend plus robuste», jugent les analystes de DB.
Cet accroissement se fera au détriment de l’indice des valeurs moyennes MDax, qui passera de 60 à 50 sociétés, le SDax (petites capitalisations) restant inchangé à 70 valeurs. «Le MDax pourrait perdre environ la moitié de sa capitalisation boursière, affirme Christoph Ohme. La liquidité de ce segment pourrait en souffrir.» Tous les candidats potentiels sont actuellement dans le MDax.
Même si ce dernier devient plus petit, il restera néanmoins attrayant pour DB. «Juste d’un point de vue technique, chaque entreprise restant dans l’indice aura mécaniquement un poids plus important, relèvent les analystes de la banque allemande. Et 50 est encore un nombre important d’entreprises. Nous pensons donc que l’indice va rester attrayant, notamment pour les investisseurs intéressés par le Mittelstand allemand (tissu d’ETI allemandes, ndlr).»
19 milliards d’euros d’ETF
Le passage de 30 à 40 valeurs dans le Dax devrait entraîner une importante activité de la part des gérants passifs : 19 milliards d’actifs gérés par des ETF devraient être concernés, selon Bloomberg. Les analystes de DB notent que lors des changements périodiques dans l’indice, 70% des nouveaux entrants ont réalisé une performance par rapport au Dax supérieure un an avant l’inclusion en comparaison de l’année suivant l’entrée dans l’indice. L’ampleur du changement est tel que cette fois cela pourrait être différent.
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