Le ciblage de l’inflation va rester au cœur des prochains débats

Christine Lagarde, après Mario Draghi fin juillet, a relancé le sujet dans sa feuille de route.
Fabrice Anselmi
Christine Lagarde, la future présidente de la Banque centrale européenne (BCE).
Christine Lagarde, la future présidente de la Banque centrale européenne (BCE).  -  Crédit European Union

Dans une réponse écrite à la commission des Affaires économiques du Parlement européen, la future présidente de la Banque centrale européenne (BCE) a estimé que, «comme pas mal de temps s’est écoulé depuis le dernier examen stratégique en 2003 (…), il serait utile de tirer les leçons de la crise financière en ce qui concerne l'évolution de l’environnement macroéconomique et le processus d’inflation». Elle renvoie aux réflexions américaine – depuis le début d’année – et européenne – depuis mai et une intervention de l’économiste Adam Posen (président du Peterson Institute) devant la BCE – en vue de réviser la cible d’inflation. Ce fut la principale nouveauté du discours de Mario Draghi le 25 juillet, lorsque le président de l’institution a remplacé le traditionnel objectif «de niveaux inférieurs à, mais proches de 2%» par un engagement en faveur de la «symétrie» autour de l’objectif. «L’assouplissement annoncé pour soutenir l’économie aurait alors dû faire réagir les taux longs à la hausse, pas à la baisse, preuve que les marchés ne croient pas en ce changement sans une redéfinition formelle de l’objectif», rappelle Nicolas Goetzmann, directeur de la recherche à la Financière de la Cité.

Le traité de création de la BCE lui a donné mandat d’assurer la stabilité des prix, définie à sa création en 1998 comme une inflation HICP «inférieure à 2%», puis redéfinie avec l’objectif actuel en 2003. Adopter rapidement la notion de symétrie autour du niveau d’inflation améliorerait la confiance dans l’efficacité de la politique monétaire. «L’étape suivante serait de passer à un ciblage d’inflation en niveau : si, au cours d’une année, l’inflation était par exemple à 1,5% par exemple, la BCE serait contrainte de réagir pour qu’elle atteigne 2,5% l’année suivante, permettant une moyenne à 2%, poursuit Nicolas Goetzmann. On pourrait alors parler de symétrie, et cela rassurerait marchés et entreprises de la savoir plus agressive en cas de besoin.»

Olli Rehn, gouverneur de la banque centrale de Finlande et membre du Conseil des gouverneurs, est intervenu dans ce sens d’une revue stratégique de la BCE le 19 août lors d’une intervention à la Fed de Dallas. Et les minutes publiées le 22 août montrent qu’un des membres avait relevé que, jusqu’à présent, l’interaction entre l’objectif d’inflation et la définition de la stabilité des prix retenue par le Conseil des gouverneurs introduit, de facto, un élément d’asymétrie, ce qui conduit le marché à anticiper un resserrement de la BCE dès 1,7% d’inflation.

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