
L’aplatissement de la courbe des taux euro se poursuit

Le contexte macro-économique permettait difficilement à la Banque centrale européenne (BCE) un message plus optimiste et, en même temps, elle ne peut tenir un discours pessimiste à moins de devoir expliquer de nouvelles baisses des taux… La première réaction à sa réunion, le 6 juin après-midi, a donc été un léger relâchement des anticipations de baisse des taux, avec un forward Eonia à 1 an passé de -0,46% à -0,43%, contre un Eonia proche de -0,37%. Les taux courts à 2 ans allemands et français «sursautaient» également de 2 points de base (pb) jeudi soir, avant de redescendre à leur niveau de -0,66% et -0,61% vendredi.
«Mais comme les taux longs baissent encore davantage dans ce scénario, on voit un ‘bull flattening’ typique quand tout le monde se retourne vers le Bund», analyse Jean-Christophe Machado, stratégiste fixed income chez Natixis. «Cet aplatissement de la courbe des rendements dure et se poursuit maintenant depuis plusieurs mois, confirme Fanny Jacquemont, gérante de portefeuille obligataire chez CPR AM. Avec un Bund passé de +0,25% à -0,25% depuis janvier, l’écart 2-10 ans est passé de 85 à 40 pb, un niveau historiquement bas.»
Accentuation du «fly to quality»
Le «fly to quality» s’est donc accentué vendredi avec encore des nouvelles négatives sur l’emploi américain et sur la croissance allemande, après cette petite déception sur les annonces de la BCE : le report de la «forward guidance» a été perçu comme «non-événement» et les TLTRO 3 fonctionneront à peu près comme prévu ; les marchés attendaient peut-être une annonce autour d’un taux de dépôt par palier (tiering) qui, au-delà de satisfaire les banques, aurait pu davantage imprimer l’idée d’une possible baisse des taux… «Les anticipations d’inflation euro 5 ans dans 5 ans (5y5y) sont à un niveau (1,24%) autour duquel la BCE intervient habituellement. Or le seul signe plus ‘colombe’ a été la réponse de Mario Draghi sur une relance du QE et ‘peut-être’ une baisse des taux si la situation se dégradait», note Fanny Jacquemont.
Quid d’un possible effet domino, évoqué par la recherche de SG CIB vendredi matin ? «Pour l’instant, l’aplatissement ne se propage pas sur les taux euro 10-30 ans, dont l’écart reste autour de 60 pb, comme en début d’année», poursuit Fanny Jacquemont. Elle souligne cependant que la recherche de rendement qui a aussi mené les investisseurs sur le 10 ans espagnol (passé de 1,42% à 0,55% depuis janvier) pourrait effectivement se reporter sur les maturités plus longues des souverains «core».
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