La place financière de Paris remballe le tapis rouge

Le choc fiscal en préparation referme la parenthèse ouverte au lendemain du Brexit pour renforcer l’attractivité de l’industrie financière française. Le contrat de confiance avec les décideurs est rompu. L'éditorial d’Alexandre Garabedian.
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Qu’il semble loin le temps où l’on débattait d’un allègement des indemnités de licenciement des traders pour rendre la France plus compétitive en Europe. La loi sur l’attractivité du pays, votée juste avant la dissolution de l’Assemblée nationale et promulguée juste après, sera sans doute la dernière du genre avant un moment. Le projet de loi de finances 2025, où les hausses de la pression fiscale sont abusivement qualifiées d’économies, referme une parenthèse enchantée qui s’était ouverte au lendemain du référendum britannique sur le Brexit.

Il s’agissait alors de replacer Paris sur la carte des places financières européennes où il fait bon s’implanter. Baisses d’impôts, régime aux petits oignons pour les impatriés, déclarations d’amour à la finance : la France et son nouveau président déroulaient le tapis rouge aux décideurs de la City ou de New York. La partie était loin d’être gagnée, tant Francfort, siège de la Banque centrale européenne, semblait un pari plus sûr aux yeux de ceux qui mettent la stabilité fiscale au-dessus des vertus gastronomiques. La capitale est pourtant devenue la destination privilégiée des banques américaines et, plus discrètement, de nombreux fonds d’arbitrage, gagnant au passage plusieurs milliers d’emplois directs très qualifiés.

Les vieux démons sont de retour. La surtaxe d’impôt sur les sociétés et la ponction des hauts revenus, dont le caractère temporaire ne convaincra que les naïfs, affecteront au premier chef l’industrie financière. La dérive insensée du déficit exige certes des remèdes rigoureux, mais dans ce pays où l’on économise à coups de rabot sans jamais s’attaquer à la structure et à l’efficacité de la dépense publique, la potion du docteur Barnier ravive la mauvaise réputation de la France en matière fiscale. Le contrat de confiance est à nouveau rompu. Et ce n’est pas l’instabilité politique sans précédent dans l’histoire de la Cinquième République qui poussera les banques de Wall Street à renforcer leurs effectifs à Paris. Pauvre Choose France.

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