
La peur du variant Delta tend à affaiblir l’euro

La peur du variant Delta a pesé sur les actions européennes lundi, en baisse d’environ 2,5% pour le CAC 40 (6.296 points), le Dax (15.133 points), l’EuroStoxx 50 (3.928 points) et le Stoxx Europe 600 (444,3 points). Le FTSE MIB perdait 3,3% (23.966 points), et les taux des obligations d’Etat s’écrasaient à l’image du Bund allemand, redescendu jusqu’à -0,40% avec le retour de l’aversion pour le risque.
Si l’euro s’est, de son côté, finalement un peu repris, à 1,18 dollar et 0,86 livre sterling, il accuse encore une sous-performance respectivement de -3,2% et -3,5% depuis janvier face aux deux devises. Ce retard ne s’est pas amélioré avec la recrudescence de l’épidémie depuis un mois alors que celle-ci a d’abord touché le Royaume-Uni, avec près de 50.000 nouveaux cas par jour en moyenne hebdomadaire. On compte désormais 23.300 nouveaux cas quotidiens en Espagne et plus de 12.000 cas en France.
«La remontée de lundi face à la livre est liée aux nouvelles tensions post-Brexit (Londres menace de s’écarter de l’accord de divorce signé le 24 décembre, ndlr), mais on est sur une tendance baissière de plusieurs mois, confirme Guillaume Dejean, analyste senior chez Western Union Business Solutions. Les marchés anticipent à la fois un cycle économique un peu plus avancé avec un chômage assez bas outre-Manche, une réaction plus rapide de la Banque d’Angleterre (BoE) que de la Banque centrale européenne (BCE) – dont la nouvelle stratégie devrait plutôt retarder le cycle de normalisation - face à une inflation problématique outre-Manche, et la recrudescence à venir de l’épidémie sur le continent, notamment dans les pays d’Europe du Sud où des revenus touristiques plus faibles pourraient impliquer des réévaluations à la baisse des perspectives de reprise économique.»
Risque politique
Le volet monétaire n’est pas négligeable. Même si Jonathan Haskel, membre du Comité de politique monétaire de la BoE a repoussé lundi la perspective envisagée par ses collègues la semaine passée, celle-ci devrait réduire son programme d’achats d’actifs (875 milliards de livres) dès la fin 2021, avec de possibles annonces antérieures conditionnées au fait que l’arrêt des programmes de chômage partiel ne causera pas de dégâts sur l’économie. Elle pourrait aussi remonter ses taux de 10 points de base (pb) dès 2022, avec un différentiel en faveur de la livre, qui jouissait déjà d’arbitrages sur les volumes de dérivés avec la paire euro-dollar plus tôt dans l’année.
L’avancement dans le cycle économique notable est aussi ce qui porte le dollar face à l’euro, «même si la situation s’est un peu stabilisée : les anticipations de resserrement monétaire sont déjà dans les cours, mais les positions nettes vendeuses de dollar/acheteuses d’euro sont à un creux depuis mars 2020 selon les données de la CFTC, poursuit Guillaume Dejean. Les marchés ne veulent pas abandonner leur pari sur l’euro, mais restent attentifs au risque politique avec des élections nationales dans les deux pays importants de la région (Allemagne et France) : des sources de volatilité sur l’euro dont les marchés pourraient s’écarter un peu plus au deuxième semestre», ajoute l’analyste, avant de conclure à une baisse plus générale de l’optimisme qui porte aussi le yen, devise refuge, face à l’euro depuis trois mois.
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