
La nouvelle présidente de la BCE ne devrait pas chambouler la politique monétaire

La nomination de Christine Lagarde à la présidence de la Banque centrale européenne (BCE) aura fait couler beaucoup d’encre. Les réactions sur le supposé manque de crédit de la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) semblaient oublier qu’elle sera entourée, avec notamment Philip Lane comme chef économiste et, jusqu’à décembre, Benoît Cœuré comme responsable des marchés.
Le fonctionnement de la BCE ne devrait pas trop changer. «L’institut Bruegel rappelait récemment qu’après une courbe d’apprentissage sous les présidences de Wim Duisenberg puis de Jean-Claude Trichet, dont le conseil prenait souvent des décisions à l’unanimité, Mario Draghi a eu des temps difficiles et des politiques non conventionnelles à gérer, avec une transparence et un mode de décisions moins stables, même si les décisions difficiles ont le plus souvent été prises à la majorité, explique Hervé Goulletquer, stratégiste de LBPAM. Il faudra probablement à Christine Lagarde continuer à s’assurer que le conseil est en mesure de décider ‘vite et bien’ tout en maintenant son unité.» De ce point de vue, son sens de la négociation, reconnu, sera précieux.
Quant à la politique monétaire de la BCE, les taux de la zone euro chutaient hier à des niveaux records (-0,38% pour le Bund, -0,10% pour l’OAT, 1,58% pour le BTP) au regard d’une approche «souple» ainsi confirmée. Mais ce changement n’en appellera pas d’autres si rien ne bouge par ailleurs. «Elle a plutôt une réputation ‘dovish’ et ne relèverait les taux qu’avec prudence. Mais les marges de manœuvre de la BCE en matière d’assouplissement étant devenues limitées, un retournement de cycle amènerait la BCE à construire des ponts entre sa politique monétaire et les politiques budgétaires de la zone, dans un contexte international que Christine Lagarde maîtrise bien», poursuit Hervé Goulletquer.
Nombre de stratégistes ont rappelé cette faible marge de manœuvre, qui la conduirait à «marcher dans les pas de Mario Draghi», voire à renvoyer les politiciens qui l’ont nommée aux réformes qu’ils ne souhaitent pas faire… «Sa qualité d’avocate plutôt que de technicienne de la banque ouvre la possibilité d’un discours plus accessible, note Philippe Lespinard, codirecteur fixed income de Schroders. Et on peut effectivement espérer des avancées dans l’intégration bancaire et budgétaire de l’Europe, auquel cas sa polyvalence serait utile.»
Plus d'articles du même thème
-
EXCLUSIF
Les gestionnaires de taux contiennent leur panique
Les prévisionnistes de L’Agefi tendent à ajouter une baisse de taux à six mois tout en diminuant leurs prévisions pour les taux longs aux Etats-Unis et en augmentant celles sur la zone euro. -
L'activité de la zone euro a été un peu meilleure que prévu en mars
Les PMI pour la zone monétaire ont été révisés à la hausse au titre du mois dernier, tirés notamment par l'Allemagne et la France. -
La Banque d’Australie passe un tour
Malgré une inflation en forte baisse, la banque centrale australienne reste prudente, en raison d’un marché de l’emploi vigoureux et d’une situation internationale incertaine.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions