
La mobilisation de l’épargne Covid devient un enjeu politique
Un pavé dans la mare» ? Louis Gallois, ancien président du conseil de surveillance de PSA, a plaidé lundi sur Europe 1 pour la mise en place, «temporairement pendant deux ans par exemple», d’un impôt de solidarité sur les plus aisés afin de venir en aide aux personnes les plus touchées par la crise économique liée à la crise sanitaire, en particuliers les jeunes. L’ancien patron part du constat que «30% des Français ont épargné» et évoque une imposition provisoirement renforcée «sur les tranches les plus élevées» de l’impôt sur le revenu, pour une affectation précise et pas pour rembourser la dette publique.
La crise sanitaire et économique menaçant de creuser les inégalités de revenus et de patrimoine, le réflexe de taxer les plus riches se manifeste à nouveau. La tentation est d’aller puiser dans l'épargne excédentaire que ceux-ci ont accumulée depuis le début de la pandémie de Covid-19. Dimanche, le sénateur socialiste membre de la commission des finances Rémi Féraud évoquait ainsi l’idée de taxer l’épargne Covid, à l’instar de la fiscalité exceptionnelle mise en place par Nicolas Sarkozy à la sortie de la crise 2008. Cette épargne excédentaire pèse environ 100 milliards d’euros d’après la Banque de France, ou 18,8% du revenu disponible désormais, dont 70% ont été épargnés par 20% des Français les plus aisés selon le Conseil d’analyse économique. Déjà en avril, en pleine paralysie de l'économie française, une proposition de loi socialiste avait tenté en vain d’alourdir la fiscalité des assurances vie dont l’encours dépasse 30.000 euros…
Flécher l'épargne vers l'économie
Sollicité par L’Agefi, Bercy répond que, «comme mentionné à plusieurs reprises, le ministre est contre toute hausse d’impôts».
La question, dans ce débat qui monte en puissance à un an de l’élection présidentielle, est surtout de savoir s’il faut mobiliser l’épargne pour financer l’urgence des plus démunis, d’où l’idée d’une taxe, ou plutôt pour soutenir la reprise de l’économie (via la consommation) et l’avenir (via l’investissement). Pour la consommation, «la confiance des citoyens nécessite de la stabilité fiscale», rappelle le ministère de l’Economie. Quant à l’investissement, le plan de relance a prévu deux dispositifs pour s’appuyer sur l’épargne : au travers de fonds labellisés (actuellement plus de 120 pour 12 milliards d’euros) mais dont on peut douter que l’encours explosera sans incitation fiscale, juste sur la foi du Label Relance ; et au travers de Bpifrance, qui a lancé le 1er octobre le premier fonds de fonds de PME et d’ETI non cotées à destination des particuliers. Bpifrance Entreprises 1 (95 millions d’actifs) sera bientôt distribué dans tous les réseaux bancaires, et l’initiative sera ensuite renouvelée. Le ministre Bruno Le Maire a estimé que cette étape prolongeait les efforts de fléchage de l'épargne vers l'économie entamés avec la loi Pacte, notamment via le plan épargne retraite (PER) dont l’encours atteint désormais 12 milliards d’euros.
Un alourdissement de la fiscalité irait aussi à l’encontre des réformes entreprises au début du quinquennat avec l’instauration de la flat tax sur les revenus du capital et la transformation de l’ISF en impôt sur la fortune immobilière. Deux mesures censées redonner de l’attrait à l’investissement en actions.
Plus d'articles du même thème
-
La loi de finances 2025 a laissé aux banques un sentiment aigre-doux
Par souci de justice fiscale, la loi de Finances 2025 a apporté un certain nombre de modifications dont plusieurs touchent les banques de façon directe ou indirecte. Certaines dispositions ne sont pas à l’avantage du secteur bancaire mais d’autres sont plutôt bénéfiques. Zoom sur deux exemples concrets. -
La Française REM se renforce dans le coliving pour Seniors
Le gestionnaire s’est porté acquéreur pour l’une de ses SCPI, d’un nouvel actif destiné à être un transformé. -
L’investissement responsable pour les particuliers reste un casse-tête
L'Observatoire de l'épargne européenne examine les obstacles à l’essor des investissements responsables chez les particuliers. Si la responsabilité des distributeurs est mise sur la table, des solutions sont aussi à discuter.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions