
La majorité introuvable d’Emmanuel Macron devra être évaluée par les marchés

Vu de l’étranger, la situation en France est certainement plus simple que vu de l’intérieur de la majorité présidentielle. « Nous voyons la France comme étant très stable, avec une ligne favorable aux entreprises et aux investissements étrangers », déclarait il y a quelques semaines un membre des équipes dirigeantes d’une grande banque américaine en cercle restreint. Il n’est pas certain qu’il avait alors en tête la répartition de l’Assemblée nationale telle qu’elle est apparue dimanche soir, avec 245 sièges pour Ensemble, loin des 289 requis pour la majorité absolue, qui rendra la France très dure à gouverner.
Le résultat des élections législatives donnant une majorité seulement relative au parti d’Emmanuel Macron devra être digéré par les marchés. Des groupes parfois moins pro-européens que le parti de gouvernement ou opposés à certaines réformes structurelles proposées, disposent en effet d’un poids important au Parlement. Le premier test sera celui de l’écart de taux (le spread) entre la France et l’Allemagne. Alors que la fragmentation entre les pays du cœur de la zone euro et les pays plus périphériques constitue un des principaux problèmes de la Banque centrale européenne pour mettre en place sa politique monétaire, la France pourrait en constituer un autre.
Avant cette élection, le spread entre l’OAT française et le Bund allemand était d’environ 50 points de base. Cet écart était monté à 62 points de base le 13 juin, au lendemain du premier tour des élections législatives françaises. Mais cette date coïncidait aussi avec la publication, le 10 juin, des très mauvais chiffres de l’inflation américaine qui a fait s’envoler les taux. Difficile dès lors de voir si situation politique particulière de l’Hexagone avait une réelle influence sur ces mouvements de taux. Ces écarts n’ont toutefois rien à voir avec ceux, bien plus importants, entre les taux de l’Allemagne et de l’Italie. Le taux du BTP italien reste supérieur d’environ 200 points de base à celui du Bund, après être monté à près de 250 points de base avant que la BCE ne communique sur les moyens dont elle disposait pour lutter contre la fragmentation de la zone euro.
Les marchés donneront lundi matin et dans les jours qui suivent leur verdict pour la France. Mais, une fois encore, aussi bien sur les marchés de taux que d’actions, le contexte de guerre en Ukraine et le durcissement de politique monétaire suivi par la plupart des banques centrales des grandes économies, dilue les effets propres aux résultats de scrutins locaux.
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