
La livre sterling corrige ses récents excès de pessimisme sur le Brexit

Où va la livre sterling ? Malgré la persistance des incertitudes sur l’issue du Brexit, le cours de la devise britannique s’est apprécié de 4,2% face à l’euro et de 3,5% face au dollar depuis début 2019. A 0,865 contre euro, il est même revenu à son point haut de 2018. Cela semble lié à un recul des anticipations de Brexit sans accord. Les rumeurs, relayées vendredi par The Sun, que le Democratic Unionist Party nord-irlandais serait prêt à soutenir Theresa May si une date précise était fixée sur le backstop, n’ont fait qu’amplifier le mouvement sur la livre. «La prime de risque implicite de ‘no deal’ par le marché était trop élevée, et la livre est sous-évaluée de 9% par rapport à sa valeur de long terme, même si on est loin des plus bas historiques», estime Citigroup.
Le niveau record depuis le vote sur le Brexit mi-2016, atteint mi-novembre par les risk reversals sur la livre contre dollar et contre euro, montre ainsi que le marché des options anticipait alors une dépréciation violente de la devise britannique à horizon un mois. «Les marchés retiennent surtout la volonté du Parlement britannique de faire en sorte d’éviter un Brexit dur, ce qui a probablement entraîné un débouclage des positions vendeuses sur la livre [les données de la CFTC ne sont plus publiées du fait du shutdown, NDLR], et provoqué un rebond technique conséquent, ainsi qu’une chute de la volatilité implicite à trois mois à 9,45%, contre un plus haut de 13,22%, atteint au mois de décembre», explique Nordine Naam, stratégiste changes chez Natixis.
L’examen, demain, des nombreux amendements déposés par les parlementaires britanniques devrait faire remonter la volatilité implicite à un mois de la livre, dont le niveau a atteint mi-novembre 15% et 13% contre dollar et euro, pour la première fois depuis juillet 2016. Si Citigroup estime la probabilité de marché d’un Brexit sans accord en recul, de 32% en décembre à 24%, elle se situerait plus à 15%, ce qui laisse un potentiel de rebond supplémentaire pour la livre.
«La probabilité de ‘hard Brexit’ n’a pas disparu, et un report au-delà du 26 février, si l’amendement Yvette Cooper qui permettrait d’éviter une sortie sans accord est adopté [sans consensus au 26 février, le Parlement pourrait voter un report de l’article 50 sur la sortie], ne signifie pas la fin de la crise mais plutôt la persistance des incertitudes, comme le montrent les ‘risk reversal’ qui restent positifs au-delà d’un mois», tempère Nordine Naam.
Plus d'articles du même thème
-
Le Jour de la Libération rebat les cartes
Retrouvez comme chaque semaine le coup d’œil de DeftHedge sur le marché des changes. -
EXCLUSIF
Les gestionnaires de taux contiennent leur panique
Les prévisionnistes de L’Agefi tendent à ajouter une baisse de taux à six mois tout en diminuant leurs prévisions pour les taux longs aux Etats-Unis et en augmentant celles sur la zone euro. -
L’âge d’or de l’Amérique se termine maintenant
Fossoyeur du multilatéralisme, le président Trump démantèle de manière systématique les instruments de la puissance américaine, estime la directrice des études économiques du Groupe Crédit Agricole.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions