
La fiscalité des cryptomonnaies se précise

L’Assemblée nationale a voté le 28 septembre l’article 26 de la loi Pacte concernant l’encadrement des ICO (initial coin offering). Le législateur a fait le choix d’une approche non contraignante pour les porteurs de projets, avec la mise en place d’un visa optionnel de l’AMF censé garantir le sérieux d’une opération. La loi prévoit également d’améliorer l’accès des émetteurs disposant du visa de l’AMF aux services bancaires, avec la possibilité de recourir à la Caisse des dépôts en cas de refus.
Reste néanmoins à clarifier le traitement fiscal des «tokens». Hier, lors d’une conférence de presse, le député Pierre Person, rapporteur de la mission d’information sur les monnaies virtuelles, a évoqué plusieurs mesures qui seront incluses dans le vote du budget 2019. «Pour les personnes physiques, les plus-values seront fiscalisées sous le régime de la flat tax au moment du transfert en monnaie-fiat sur le compte bancaire», indique le député. Actuellement, ces plus-values sont soumises au régime de l’impôt sur le revenu.
Grande variété des tokens
Les sommes levées lors d’une ICO sont pour l’instant considérées comme du chiffre d’affaires par l’administration fiscale au moment de l’émission, alors que la grande majorité des ICO émettent des utility tokens, qui donnent accès aux services du porteur de projet dans un second temps. Le projet de loi de finances 2019 devrait améliorer ce régime. «Le produit des tokens sera traité comme un produit constaté d’avance. Nous le fiscaliserons de manière décalée», précise Pierre Person. Une avancée qui mérite des précisions, selon Edouard de Rancher, associé chez Baker & McKenzie. «Si c’est considéré comme un produit constaté d’avance, la TVA s’applique. Mais à quel moment ? Immédiatement ou lorsque que le service est rendu ? s’interroge l’avocat. La fiscalité des utility tokens se précise, mais pour les autres tokens, on ne sait rien. Comme l’ont fait certaines juridictions étrangères, Bercy doit donner des pistes à ce sujet.»
La variété des types de tokens et leur évolution constante expliquent d’ailleurs pourquoi le législateur a volontairement défini a minima ce qu’est un jeton numérique. «Nous allons expérimenter ce nouveau cadre et il faudra sans doute le revoir dans deux ans avec une dimension européenne voire internationale, confie Sébastien Raspiller, chef du service financement de l’économie à la direction générale du Trésor. Nous voulons peser sur l’élaboration des standards internationaux.»
Plus d'articles du même thème
-
Le nouveau dilemme européen du déploiement de Bâle 3
Sans parler de retour en arrière ou de dérégulation, l’Europe semble désormais consciente d’être allée plus vite et plus loin que les autres juridictions en matière de règlementation bancaire. L’optimisation des règles qui restent encore à produire dans le cadre de la transposition du dernier paquet bancaire de Bâle 3 et de la mise en œuvre de la FRTB cristallise l’attention du secteur. -
La loi de finances 2025 a laissé aux banques un sentiment aigre-doux
Par souci de justice fiscale, la loi de Finances 2025 a apporté un certain nombre de modifications dont plusieurs touchent les banques de façon directe ou indirecte. Certaines dispositions ne sont pas à l’avantage du secteur bancaire mais d’autres sont plutôt bénéfiques. Zoom sur deux exemples concrets. -
Thomas Verdin (BM&A Reg Tech) : «L’application des règles de Bâle a un coût opérationnel important»
La finalisation des règles de Bâle obligera les banques, qui étaient habilitées à n’utiliser que des méthodes internes de mesure des risques, à comparer ces résultats avec une méthode dite standard, à partir de données externes. Thomas Verdin, directeur associé de BM&A Reg Tech, explique simplement quelles sont les implications opérationnelles de ces changements.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions