
La fièvre de l’argent tourne court

L’argent, devenu l’un des actifs les plus recherchés par les investisseurs particuliers après que des membres du forum boursier WallStreetBets l’ont déclaré actif le plus shorté au monde, a fait les montagnes russes. Après un bond de plus de 20% en trois séances, atteignant un plus haut de huit ans à plus de 30 dollars l’once lundi, il a chuté hier de plus de 9%, à 26,65 dollars. La décision de CME Group d’augmenter ses appels de marges sur ses contrats dérivés sur l’argent de 17,9% a mis un coup d’arrêt à cette frénésie. Hier, le ticker $SLV, pour silver, n’était plus mentionné que dans 4% des échanges sur le forum de Reddit.
Détention d’argent limitée
Pour certains, cela montre la limite pour ces traders retail à s’attaquer à certains marchés. La nouvelle bataille de l’armée Reddit sur l’argent semblait perdue d’avance. Jeffrey Currie, stratégiste matières premières chez Goldman Sachs, détaille dans une note aux clients de la banque pourquoi un short squeeze, qui a été possible sur GameStop, est inatteignable pour l’argent. Le stratégiste rappelle que par le passé les frères Hunt, deux magnats, Bunker et William Herbert (ce dernier ayant inspiré le personnage de JR Ewing dans la série Dallas), ont réussi à squeezer le marché au début des années 80 en mettant la main sur un tiers du stock mondial d’argent ce qui avait provoqué un bond de 713% du prix du métal à un plus haut de 49,45 dollars l’once. Mais depuis cet épisode, la détention d’argent est limitée. Au-delà de cette limite, pour que les investisseurs particuliers puissent répliquer le fait d’armes des frères Hunt, il faudrait que les 5 millions de membres du forum (8,2 millions, au dernier décompte) achètent 4.600 onces chacun (pour une valeur de 123.500 dollars) et qu’ils opèrent de façon coordonnée.
Marché physique
«Il est maintenant presque impossible de s’accaparer ce marché, observe Jeffrey Currie. Dans l’environnement actuel, une poussée coordonnée des achats par les particuliers augmenterait simplement la volatilité et générerait de petites perturbations locales dans la dynamique de l’offre et de la demande». De fait, certains brokers rapportaient ce week-end des difficultés à faire face à la demande et probablement de délais supplémentaires pour livrer l’argent physique. Mais ce phénomène devrait rester temporaire.
Par ailleurs, les analystes de Goldman Sachs expliquent qu’il est plus facile de squeezer le marché actions que celui des matières premières. Le moyen pour un investisseur en actions de sortir d’une position vendeuse perdante est de racheter l’action, ce qui fait monter son prix. En revanche, sur le marché des matières premières, un contrat short (à la vente) est une promesse de livrer la marchandise à une date donnée. Il est donc garanti par cette matière première physique. «Pour squeezer un marché de matières premières, vous devez posséder une partie substantielle du marché physique sous-jacent, un positionnement short important ne suffit pas», selon Goldman Sachs.
La situation semblait tourner court pour de nombreux traders adeptes du forum WallStreetBets d’autant que les actions de GameStop ou d’AMC Entertainement accusaient hier de nouvelles fortes chutes de 52% et de 38% respectivement. Les gains sont certes encore substantiels depuis les plus bas, mais pour l’investisseur, tout dépend du niveau auquel les actions ont été achetées.
Plus d'articles du même thème
-
La chute se poursuit sur des marchés paniqués par la guerre commerciale
Les Bourses européennes ont ouvert dans le rouge vif lundi après le plongeon des marchés asiatiques. Les taux continuent également à reculer. -
Les cours de Bourse des gestionnaires d'actifs ne sont pas épargnés par la bataille des tarifs douaniers
L'Agefi a calculé et compilé les variations de cours enregistrées par les gestionnaires d'actifs cotés en Bourse sur les séances du 3 et 4 avril 2025 après les annonces américaines sur les droits de douane. -
Le risque de surenchère tarifaire tétanise les marchés
La riposte de la Chine aux tarifs douaniers réciproques de Donald Trump a exacerbé le risque d'escalade et de récession, plongeant les marchés financiers encore davantage dans la tourmente. Wall Street accuse sa pire chute depuis la crise Covid. L'Europe efface ses gains de 2025. Les investisseurs fuient vers les emprunts d'Etat.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions