
La Fed et la BCE, indispensables balises à l’ère de Trump 2.0

Les investisseurs votaient Trump, et ils avaient vu juste. Plus clairvoyants que les instituts de sondage traditionnels, les marchés financiers ont accentué mercredi les paris qu’ils avaient pris durant le mois d’octobre. La victoire nette et sans bavure du candidat républicain à l’élection présidentielle américaine, favorable à court terme à la prise de risque et aux actions, a eu des effets diamétralement opposés sur les marchés obligataires des deux rives de l’Atlantique. Aux Etats-Unis, les rendements des emprunts se sont envolés. En zone euro, ils se sont repliés, en particulier les taux à 2 ans, plus sensibles à la politique monétaire. Le dollar en profite.
Le message est limpide. Dispendieux et protectionniste, alliant baisses d’impôts, tarifs douaniers et lutte contre l’immigration, le programme du 47e président américain a toutes les chances d’accroître les déficits et de nourrir l’inflation contre laquelle il prétend protéger ses électeurs. Les taux américains se tendent et la Réserve fédérale pourrait être contrainte d’interrompre plus tôt que prévu son cycle d’assouplissement monétaire. Puissance exportatrice aujourd’hui affaiblie, l’Union européenne se retrouve, elle, sous la menace de sanctions commerciales qui pourraient accentuer son décrochage économique. La Banque centrale européenne devrait alors accélérer ses baisses de taux.
Bien des inconnues peuvent encore modifier le résultat de l’équation. Parce que Donald Trump appartient à cette race d’hommes qui aboient plus fort qu’ils ne mordent. Parce que la couleur de la Chambre des représentants, encore indécise, dira si le futur locataire de la Maison-Blanche aura ou non les coudées franches en matière budgétaire, y compris dans son propre camp. Parce que l’Europe, enfin, trouverait là des raisons d’unir ses forces face à la nouvelle menace géopolitique et économique issue des urnes – il est permis de rêver.
A l’aube du prochain mandat de l’extravagant Mr Trump, deux balises peuvent du moins guider les investisseurs : la Fed, où le président Jerome Powell est assuré de rester jusqu’au terme de son mandat fin 2026 malgré les attaques du camp républicain, et la BCE. Leur réaction trop tardive face à l’inflation, ennemie du pouvoir d’achat, a certes contribué à l’insatisfaction des électeurs. Mais leur expérience et leur doigté dans la gestion des crises ne seront pas de trop à l’heure où d’autres institutions, plus politiques, risquent le délitement.
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