
La faiblesse du dollar fait décoller l’euro

Portée par lefonds de relance de 750 milliards d’euros adopté mardi, la devise européenne poursuit son ascension. Elle est passée au-dessus du seuil de 1,16 dollar qu’elle n’avait pas rejoint depuis l’été 2018. «J’ai encore des réserves sur la réaction de l’euro à l’accord de relance», écrit Kit Juckes, responsable de la recherche forex chez SG CIB, qui voit davantage le mouvement d’un euro un peu plus fort comme le révélateur d’un dollar globalement diminué : «Les puissantes actions de la Fed depuis mars, la baisse générale des taux américains, la convergence (à la baisse) des croissances et l’incertitude politique à quelques mois des élections ont plaidé pour un dollar plus faible depuis un certain temps, mais le marché n’avait aucune raison d’acheter d’autres devises jusque-là.»
Hausse des valeurs refuge
L’euro-dollar avait débuté ce mouvementfin mai. «Les investisseurs, notamment les entreprises, diversifient depuis encore davantage leurs placements de trésorerie vers l’euro avec un différentiel de taux moins pénalisant qu’il y a quelques mois, précise Guillaume Dejean, analyste spécialisé chez Western Union Business Solutions. C’est le premier étage d’un décollage qui fait un peu penser à 2017 (euro-dollar à 1,25), à la différence près que, à l’époque, ils anticipaient des hausses de taux en zone euro. Le reste du mouvement demeure incertain, tout comme les effets secondaires de la crise et de la pandémie.» En témoigne, malgré l’optimisme des marchés actions, la hausse des valeurs refuge comme l’or ou le franc suisse, sur lequel l’euro a d’ailleurs reperdu un peu de terrain depuis juin (à 1,07 jeudi).
«La Banque centrale européenne (BCE) n’a donc pas s’en effrayer à court terme, d’autant que l’euro reste éloigné de ses valorisations fondamentales (plutôt au-dessus de 1,20 dollar), même si une devise forte ralentirait la reprise de l’inflation à moyen terme», poursuit Guillaume Dejean.
La monnaie européenne, qui reste bien placée face à la livre sterling autour de 0,91 (contre 0,83 en janvier), ne faisait d’ailleurs pas partie des dix plus fortes progressions de la semaine, le billet vert continuant à s’affaiblir avec un indice DXY désormais autour de 95, un niveau précédemment atteint le 9 mars avant un rebond à 106 fin mars-début avril. Les regards sont bien tournés vers les Etats-Unis et la perspective d’un nouveau plan de soutien de 1.000 milliards sans lequel la réalité économique (chômage, ventes aux détails) pourrait ressortir encore pire.
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