
La Cour des comptes doute de la stratégie Macron de baisse du déficit

C’est un jugement sévère que porte la Cour des comptes, dans son rapport annuel, sur la stratégie de gestion des finances publiques mise en œuvre par Emmanuel Macron. Tant en ce qui concerne le court terme que les perspectives à moyen terme, les magistrats doutant fortement de la réduction à venir du déficit public, en fin de quinquennat.
A court terme, les bonnes recettes fiscales devraient permettre de ramener le déficit public de 2017 sous les 3% du PIB. Encore faut-il qu’Eurostat admette de comptabiliser le remboursement de la taxe sur les dividendes sur deux ans. Si les statisticiens acceptent l’idée que le droit au remboursement n’est pas «automatique et incontestable», alors ils voudront bien que la charge soit étalée sur 2017 et 2018. Sinon, l’ensemble de la créance - 10 milliards d’euros - sera imputable sur 2017, et le déficit public 2017, annoncé par l’Insee le 26 mars, risque fort de rester au-dessus des 3% du PIB.
Sur le fond, la Cour estime que «comme à plusieurs reprises dans le passé, la phase actuelle d’amélioration de la conjoncture n’est pas mise à profit pour réduire le déficit public et engager une baisse durable du ratio de la dette au PIB, celui-ci étant prévu encore en légère augmentation en 2018». Du coup «les pouvoirs publics ne disposent que de peu de marge pour, (…) à moyen terme, faire face à un ralentissement économique ou un éventuel choc conjoncturel défavorable».
Quant à la baisse du déficit, pour l’essentiel la Cour confirme qu’Emmanuel Macron l’a renvoyée en fin de quinquennat : «la loi de programmation des finances publiques concentre l’effort de réduction des déficits publics sur les années 2020 à 2022», soulignent les magistrats, qui doutent de cette stratégie. La baisse du déficit serait acquise «en comptant notamment sur le maintien d’une croissance soutenue, constamment supérieure à la croissance potentielle, pour faciliter la réduction du déficit effectif». Si l’exécutif «vise un ralentissement progressif de la dépense publique, l’ampleur de celui-ci ne permet pas d’atteindre la réduction annuelle du déficit structurel compatible avec le respect des engagements européens de la France. (…) En outre, le respect des objectifs de baisse des déficits publics repose, pour l’État, sur la mise en œuvre de réformes sur les dépenses dont les contours restent à définir, et, pour les collectivités territoriales, sur la réalisation, peu vraisemblable, d’excédents de plus en plus élevés (…).»
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