La COP28 entre dans l’histoire par la petite porte

L'éditorial d’Alexandre Garabedian, directeur de la rédaction de L’Agefi
Directeur de la rédaction
City Developments As Dubai Plans Growth Away From Petrodollars
The Frame, à Dubaï.  -  Christopher Pike/Bloomberg

Historique, tel est l’adjectif que les diplomates aiment accoler aux compromis arrachés de haute lutte aux premières lueurs du jour. Le président de la COP28, Sultan al-Jaber, n’a pas dérogé à cette règle élémentaire de communication. Les attentes étaient si faibles le 30 novembre, à l’ouverture de la conférence des Nations unies sur le climat à Dubaï, qu’un accord sur le plus petit dénominateur commun serait passé pour une éclatante victoire. Or, le texte dévoilé mercredi appelle, pour la première fois dans l’histoire de la grand-messe annuelle du climat, à une «transition hors des combustibles fossiles… d’une manière juste, ordonnée et équitable».

C’est assez pour engager sur le papier les Etats pétroliers à agir, et permettre à l’hôte émirati d'être applaudi à la tribune. Mais c’est à peu près tout. La transition, mot préféré à celui de sortie, s’effectuera au rythme et selon les modalités que chaque pays se donne pour arriver au «net zéro» émission d’ici à 2050. Le texte ne prévoit ni étapes intermédiaires, ni objectifs correspondants, puisqu’il revient à chaque juridiction de définir sa trajectoire de décarbonation. Le rôle du gaz dans l’économie est même réaffirmé sur le long terme. Business as usual. Quant à la réglementation des marchés de crédits carbone, elle n’a pu faire l’objet d’aucun consensus. En Bourse, les actions des grandes majors pétrolières, comme Total, ont donc vécu mercredi une séance tout sauf historique.

Le propre des COP, diront leurs promoteurs, n’est pas de fixer des plans d’action contraignants, mais de permettre aux pays et aux entreprises de partager une feuille de route commune. Il reste qu’en l’état, rien ne permet de respecter l’engagement, réitéré à Dubaï, de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré par rapport à l’ère pré-industrielle. Faudra-t-il s’en remettre à la prochaine édition en Azerbaïdjan, une dictature qui finance ses visées belliqueuses dans le Caucase grâce à la rente des hydrocarbures ? Gageons qu’un tel amphitryon saura, à son tour, arracher pour la photo officielle un accord «historique».

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