
La contraction des services met la croissance de la zone euro en péril

Après le secteur manufacturier, celui des services bascule à son tour en contraction dans la zone euro avec un risque accru de récession au cours du second semestre cette année. Ces données ont provoqué une nouvelle aversion des investisseurs pour le risque mardi, d’autant que la croissance des services en Chine a ralenti à son rythme le plus faible depuis huit mois en août. Les places boursières ont bouclé une nouvelle séance dans le rouge, également affectées par la remontée des taux longs sur des inquiétudes d’inflation persistante avec la forte hausse des prix du pétrole.
Après les places boursières asiatiques (-2,2% pour l’indice Hang Seng à Hong Kong), les actions européennes ont de nouveau reculé mardi, mais terminent au-dessus de leurs plus bas en séance. Elles avaient déjà effacé leurs gains en séance lundi, le regain de tension sur les taux venant annuler l’effet positif des mesures de relance annoncées par Pékin. L’indice Euro Stoxx 50 a perdu 0,2%. A Paris, l’indice CAC 40 a cédé 0,3%, de même que le Dax à Francfort. Wall Street évoluait également dans le rouge à la clôture en Europe.
Le ralentissement de l’activité dans le secteur privé s’est amplifié plus que prévu en août dans la zone euro, selon le résultat définitif des enquêtes PMI auprès des directeurs d’achat publié mardi par S&P Global. L’indice des services est passé de 50,9 à 47,9, ce qui est inférieur à l’estimation flash à 48,3, les consommateurs subissant les conséquences de l’augmentation des taux et de l’inflation. L’indice des nouvelles commandes, un indicateur de la demande, a poursuivi sa contraction, passant de 48,2 à 46,7, un niveau qui n’avait pas été atteint depuis le début de l’année 2021.
L’indice PMI composite, combinant services et activité manufacturière, ressort à 46,7 - un plus bas depuis neuf mois - contre 48,6 pour juillet et une première estimation à 47. L’enquête montre par ailleurs que les entreprises ne s’attendent pas à un revirement imminent, l’indice composite de l’emploi déclinant de 51,4 à 50,2. «Les employeurs n'étaient pas très enthousiastes à l’idée de renforcer leurs équipes. Au vu de la situation actuelle, il est probable qu’ils s’orienteront vers des suppressions d’emplois plus rapidement que prévu», note dans un communiqué Cyrus de la Rubia, économiste en chef à la Hamburg Commercial Bank.
«La zone euro n’est pas entrée en récession au premier semestre, mais le second semestre sera plus difficile», ajoute ce dernier, précisant que ces indicateurs décevants ont contribué à une révision à la baisse des prévisions de produit intérieur brut (PIB), qui s'établissent désormais à -0,1% pour le troisième trimestre.
Contraction du PIB
La contraction devrait être particulièrement marquée en Allemagne, où l’indice PMI composite s’est enfoncé davantage sous le niveau de 50, à 44,6 en août contre 48,5 en juillet, son plus bas niveau depuis mai 2020. L’économiste anticipe une baisse du PIB de 0,8% outre-Rhin entre juillet et septembre. «Certains espéraient que le secteur des services pourrait stabiliser dans une certaine mesure l’ensemble de l'économie. Cet optimisme s’est avéré de courte durée», affirme ce dernier. L’indice PMI du secteur des services a reculé à 47,3 en août après 52,3 en juillet, en ligne avec les premières estimations. Là encore, les entreprises évoquent un affaiblissement durable de la demande dans un contexte d’incertitude économique et de fortes pressions inflationnistes. «Il se passe quelque chose d'étrange dans le secteur des services allemands : l’activité ralentit, mais les prix augmentent», a remarqué Cyrus de la Rubia pour qui cela réside probablement dans les fortes hausses de salaires, qui pèsent sur des activités dépendantes de la main-d’œuvre comme les services.
A lire aussi: Les marchés financiers se rassurent mais restent fragiles
Le secteur des services accuse une forte chute dans l’ensemble des grandes économies de la zone euro. En France, l’indice PMI du secteur affiche un recul supérieur à la première estimation à 46 (contre 46,7 pour l’indice flash) après 47,1 en juillet. C’est le troisième mois consécutif en zone de contraction. L’indice composite a aussi légèrement fléchi pour s'établir à 46, contre une première estimation à 46,6 points et 46,6 points en juillet.
En Espagne et en Italie, ce secteur bascule pour la première fois cette année en contraction. L’indice PMI recule à 49,3 en Espagne, son plus bas niveau depuis septembre 2022, après 52,8 en juillet. En Italie, l’indice chute à 49,8 après 51,5 en juillet. Le secteur manufacturier est déjà en contraction depuis plusieurs mois dans les troisième et quatrième économies de la zone euro. Les indices de nouvelles commandes et le ralentissement des créations d’emplois, alors que les entreprises opèrent des déstockages, n’augurent pas de perspectives favorables avec le risque d’une contraction du PIB, ce qui a déjà été le cas en Italie au deuxième trimestre (-0,4%).
En Chine, l’activité dans les services a crû à son rythme le plus faible depuis décembre dernier, quand le pays a levé ses dernières restrictions liées au Covid. L’indice PMI des services Caixin/S&P Global a reculé le mois dernier à 51,8, contre 54,1 en juillet, confirmant les indications de l’indice PMI officiel. La faiblesse de la demande, alors que les mesures de soutien peinent à relancer la consommation, pèse sur l’activité.
Plus d'articles du même thème
-
La chute se poursuit sur des marchés paniqués par la guerre commerciale
Les Bourses européennes ont ouvert dans le rouge vif lundi après le plongeon des marchés asiatiques. Les taux continuent également à reculer. -
Les cours de Bourse des gestionnaires d'actifs ne sont pas épargnés par la bataille des tarifs douaniers
L'Agefi a calculé et compilé les variations de cours enregistrées par les gestionnaires d'actifs cotés en Bourse sur les séances du 3 et 4 avril 2025 après les annonces américaines sur les droits de douane. -
Le risque de surenchère tarifaire tétanise les marchés
La riposte de la Chine aux tarifs douaniers réciproques de Donald Trump a exacerbé le risque d'escalade et de récession, plongeant les marchés financiers encore davantage dans la tourmente. Wall Street accuse sa pire chute depuis la crise Covid. L'Europe efface ses gains de 2025. Les investisseurs fuient vers les emprunts d'Etat.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions