
La baisse des taux de la Fed ne s’est pas faite sans divisions

Face au ralentissement économique mondial, aux tensions commerciales avec la Chine, à leur aggravation «probable», et à la faiblesse de l’inflation, la Réserve fédérale américaine s’était résolue à réduire d’un quart de point l’objectif des taux de fonds fédéraux (Fed funds), pour le ramener à 2-2,25%, à l’issue de ses débats des 30 et 31 juillet. La publication des «minutes», le compte-rendu des débats, mercredi, reflète l’inquiétude qui domine chez les membres du Federal Open Market Committee (FOMC).
Cette baisse des taux a été décidée non sans divisions internes : plusieurs s’y sont opposés le mois dernier, estimant que «l’économie réelle était toujours bien positionnée». «Les publications économiques américaines récentes sont assez robustes sur la consommation des ménages, l’inflation, etc. On aurait presque pu éviter cette baisse. Mais la guerre commerciale a fait chuter la confiance des entreprises», indique à L’Agefi Vincent Juvyns, stratégiste chez JPMorgan Asset Management.
Les pressions sur la Fed pour qu’elle soit plus «dovish» n’ont fait qu’augmenter, harcelée par Donald Trump, et pressée par les marchés de soutenir une économie pourtant en bonne santé. Le président américain a multiplié les attaques envers la banque centrale et son dirigeant Jerome Powell , qui, selon lui, bride la croissance en refusant de baisser les taux. Selon lui, les Etats-Unis devraient avoir des taux d’intérêt «plus faibles» que les autres économies.
Les dirigeants de la Fed ont aussi avalisé une attente forte des marchés. «La Fed a pour responsabilité, ces dernières années, de parvenir à contrôler les attentes de marchés par rapport à sa politique monétaire ; or elle a perdu cette année ce contrôle», estime Vincent Juvyns. Même si elle a, en apparence, tenté de reprendre la main en disant que cette baisse des taux était «un ajustement, et pas un changement de direction», pour ne pas donner l’impression de prévoir déjà de nouvelles baisses. Selon le baromètre des contrats à terme sur les taux des Fed funds de CME Group, les investisseurs estimaient mercredi à 100% la probabilité qu’une nouvelle baisse des taux ait lieu en septembre, à 75% qu’une autre baisse ait lieu en octobre, et à 48% en décembre.
Enfin, la Réserve fédérale n’a pas suivi Neel Kashkari, le président de la Fed de Minneapolis, qui plaidait dans un édito du Financial Times pour un recours à la «forward guidance», ce qui l’aurait amenée à s’engager sur l’évolution future de sa politique monétaire, afin de soutenir l’économie.
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