
ChatGPT entre déjà dans les habitudes des salariés

La révolution annoncée semble bien en marche. Le lancement en fin d’année dernier de ChatGPT, l’outil d’intelligence artificielle (IA) d’OpenAI soutenu par Microsoft, a déclenché un engouement mondial pour l’IA dite générative capable de construire des textes voire des images ou des vidéos sur de nombreux sujets et dans divers styles. Susceptible de bouleverser de nombreux secteurs d’activité et d’en améliorer la productivité, cette technologie est devenue le nouveau chouchou des investisseurs. Les levées de fonds dans le secteur se sont multipliées ces derniers mois et les valeurs boursières des entreprises liées de plus ou moins loin au sujet ont flambé. Emboitant le pas à OpenAI et Microsoft, la plupart des géants de la technologie ont annoncé le lancement de leur propre outil, tel Alphabet qui a récemment rendu accessible Google Bard en Europe.
Mais, au-delà des promesses, qu’en est-il de l’utilisation réelle de ces technologies par les salariés au sein de leur entreprise ? Deux récentes études apportent de premiers aperçus. Selon un sondage réalisé aux Etats-Unis par Reuters et Ipsos auprès de 2.625 personnes mi-juillet, 28% des répondants indiquent avoir déjà utilisé ChatGPT au travail, dont 18% régulièrement, et 36% ont déjà eu recours à un outil d’intelligence artificielle. Le cabinet McKinsey obtient une proportion de 22% dans une étude internationale réalisée auprès de 1.600 personnes en avril dernier. Le taux d’utilisation régulière d’outils d’intelligence artificielle atteint 24% dans les services financiers et même 33% dans les secteurs de la technologie, des médias et des télécommunications.
A lire aussi: Alexei Grinbaum : «ChatGPT est une révolution de l’ampleur du smartphone et du moteur de recherche»
Entre 9% et 63% du temps de travail
Une pratique qui ne va pas sans poser des problèmes notamment en matière de propriété intellectuelle lorsque des informations sensibles sont entrées dans les moteurs d’IA générative. En mai dernier, Samsung avait ainsi banni l’utilisation de ChatGPT par ses équipes pour cette raison. Selon le sondage Reuters/Ipsos, 10% des répondants au sondage Reuters/Ipsos indiquent que leur équipe de direction interdit formellement l’utilisation de l’outil d’OpenAI. Dans sa dernière étude sur les risques émergents pour les entreprises, le spécialiste du conseil en technologie, Gartner, révèle que la généralisation de l’IA générative était le deuxième type de risque le plus cité par les 249 dirigeants interrogés.
La démocratisation de l’usage de l’intelligence artificielle devrait malgré tout se poursuivre si on en croit les prédictions de plusieurs bureaux d’études. Dans un rapport publié il y a quelques mois, Accenture estime que 40% des heures de travail pourraient être affectées par l’IA conversationnelle. Selon les secteurs, de 9% à 63% du temps de travail seraient concernés. Fin 2022, Gartner anticipait que, d’ici à 2026, 100 millions d’humains feront appel à des robots-collègues pour participer aux taches de l’entreprise, rappellent les analystes d’UBS dans une note sur le sujet intitulée «L’IA générative sera-t-elle à l’origine d’une transformation générationnelle ?».
Lorsqu’on lui demande s’il va bientôt «prendre notre travail», ChatGPT se veut rassurant : «Mon objectif est de vous soutenir dans votre travail plutôt que de le remplacer». A moins qu’il ne maitrise, déjà, l’hypocrisie.
Plus d'articles du même thème
-
CMA CGM conclut un partenariat pour cinq ans avec Mistral AI
Le troisième armateur mondial s’appuiera sur le spécialiste français de l’intelligence artificielle générative pour accroître sa productivité dans tous ses métiers. -
L’emploi américain, une bonne nouvelle dans une période troublée
Les chiffres du rapport mensuel sur le marché du travail ressortent plutôt bons pour le mois de mars. Le détail confirme encore une dynamique faible de l’économie américaine, sans prendre encore en compte les effets des licenciements déjà effectués dans le secteur public, ni ceux liés aux risques économiques résultant de la hausse des droits de douane. -
Comment négocier son salaire quand on travaille dans la finance ?
Quand réclamer une augmentation ? Avec quels arguments ? Vaut-il mieux changer régulièrement d’entreprise ? François Nouri, associé au sein du cabinet Boyden, livre ses conseils aux jeunes professionnels du secteur financier.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions