
BP fait passer ses actionnaires avant le climat

Après Exxon, Shell ou Chevron, c’est au tour du géant britannique du pétrole de dévoiler des profits records. En 2022, BP a enregistré un résultat net ajusté de 27,7 milliards de dollars, plus que doublé par rapport aux 12,8 milliards de 2021 et supérieur au précédent sommet de 2008. Une performance qui doit beaucoup à la flambée des prix de l’énergie l’an dernier. Le pôle «gaz et énergie bas carbone» a vu son bénéfice opérationnel ajusté bondir de 113% à 16 milliards de dollars et le profit de l’activité de production de pétrole a gagné 96%, à 20,2 milliards. Une manne sur laquelle le groupe compte continuer à s’appuyer, quitte à renier un peu ses engagements climatiques.
En février 2020, BP annonçait avec fracas d’ambitieux objectifs en matière de transition énergétique afin de devenir une entreprise «net zero» d’ici 2050 ou plus tôt. Trois ans plus tard, la tonalité est un peu plus mesurée. Le groupe compte bien continuer à augmenter ses investissements «verts» mais il ralentira moins vite que prévu dans les énergies fossiles. Ainsi, sa production de pétrole et de gaz est désormais attendue en baisse de 25% d’ici 2030 par rapport à son niveau de 2019, contre une cible initiale de -40%. Les émissions liées à ses hydrocarbures ne sont plus anticipées qu’en diminution de 25-30% sur la même période alors que l’entreprise visait jusqu’à présent un effort de 35-40%.
Dividende en hausse de 10%
«Nous devons continuer à investir à court terme dans le système énergétique actuel, qui dépend du pétrole et du gaz, afin de répondre à la demande actuelle et pour garantir une transition ordonnée», s’est justifié dans un communiqué le directeur général, Bernard Looney. Cette inflexion stratégique devrait surtout permettre à BP de proposer une rémunération attrayante à ses actionnaires, dopée par les profits des énergies fossiles. La société a d’ailleurs profité de ces annonces pour proposer une hausse de son dividende de 10%, à 6,61 cents par action, et un nouveau programme de rachat d’actions de 2,75 milliards de dollars. Une générosité supérieure aux attentes des analystes et applaudie en Bourse. Le 7 février dans l’après midi, l’action BP bondissait de 7%. De quoi, peut-être, faire réfléchir les dirigeants de TotalEnergies qui présenteront les comptes annuels du groupe ce mercredi.
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