
Natixis dévoile un plan d’économies et confine H2O

Natixis est revenue dans le vert au troisième trimestre. La filiale cotée de BPCE (Banques Populaires – Caisses d’Epargne) a publié jeudi après-Bourse un bénéfice net de 39 millions d’euros, et un résultat net sous-jacent de 152 millions d’euros. La différence entre les deux indicateurs provient notamment de moins-values sur la cession d’une part de 29,5% de l’assureur crédit Coface à Arch Capital, réalisée à un prix revu en baisse (9,95 euros au lieu de 10,7 euros par action).
L’embellie constatée chez les autres banques françaises se voit aussi chez Natixis, avec un coût du risque en recul, à 210 millions d’euros au troisième trimestre contre 289 millions d’avril à juin.
Le groupe et son nouveau directeur général Nicolas Namias, nommé début août, étaient surtout attendus sur leurs annonces de restructuration après les déconvenues du premier semestre. La filiale de BPCE a ainsi dévoilé ce jeudi un plan d’économies de 350 millions d’euros à horizon 2024, qui conduira le groupe à passer des charges exceptionnelles de 270 millions sur la période.
Moins de dérivés actions
Ces réductions de coûts sans départs contraints toucheront les achats, les fonctions informatiques ou encore la gestion d’actifs, où la banque a bouclé le 31 octobre la reprise de la gestion taux de La Banque Postale AM au sein d’Ostrum, détenue à 55%.
Les économies viendront aussi de la réduction de voilure dans les dérivés actions, un foyer de pertes au premier semestre. L’activité sera recentrée, avec des produits moins complexes, et un nombre de clients réduit de 400 à 50. En rythme de croisière, le groupe table désormais sur des revenus annuels de 300 millions d’euros dans les métiers actions. Ils avaient atteint 417 millions en 2019.
Natixis réduira aussi son exposition au secteur oil & gas, déjà abaissée de 20% cette année, et sortira complètement d’ici à 2022 du pétrole et gaz de schiste. « Outre une réduction attendue du coût du risque au travers du cycle, ce pilotage actif du portefeuille de financements devrait permettre à Natixis d’accélérer le verdissement de son bilan », indique la banque dans un communiqué.
Cession graduelle de H2O
Autre dossier brûlant, celui de H2O Asset Management. L’ex-pépite du groupe dans la gestion d’actifs est devenue un casse-tête en raison de ses investissements illiquides, qui l’ont conduite fin août à geler certains de ses fonds et à cantonner ces actifs invendables. Depuis la réouverture de ces fonds le 13 octobre, la décollecte atteint près d’un milliard d’euros.
Nicolas Namias a décidé de couper les ponts. « Après avoir organisé la mise en œuvre opérationnelle du side-pocketing par H2O AM entre le 28 août et le 13 octobre, avec un souci constant de l’intérêt de nos clients, nous pouvons désormais repenser notre partenariat de façon ordonnée, indique Nicolas Namias à L’Agefi. Nous engageons des discussions avec H2O AM afin que la société de gestion reprenne la distribution d’ici fin 2021 et en vue d’une possible cession graduelle de notre participation. »
Au troisième trimestre, le pôle gestion d’actifs, hors H2O, a enregistré une collecte nette de 2 milliards d’euros et porté ses encours à 910 milliards d’euros (+3% en trois mois), dont 20 milliards pour la boutique de Bruno Crastes. Avec le nouvel Ostrum élargi, l’encours approche 1.100 milliards.
Ces urgences traitées, Natixis veut désormais se projeter sur son plan stratégique 2024, qui sera présenté en juin prochain. Dans cette optique, Nicolas Namias a décidé de nommer un tandem à la tête de la banque de grande clientèle, Anne-Christine Champion et Mohamed Kallala. Marc Vincent, patron de l’activité depuis janvier 2018, se consacrera à nouveau à plein temps au pilotage des fusions-acquisitions.
D’ici à la présentation du plan, la banque espère pouvoir verser à nouveau un dividende au cours du premier semestre 2021, dès que le superviseur l’y autorisera. Son ratio de fonds propres durs CET1, remonté de 11,2% fin juin à 11,7% fin septembre, le lui permet. « Natixis aura la capacité de distribuer des dividendes dès que le superviseur le permettra, assure Nicolas Namias. Cette question est clé, car la recommandation des autorités de ne pas verser de dividendes a créé un aléa pour la valorisation des banques européennes, et a pu laisser croire à un problème de capital dans le secteur alors que celui-ci n’a jamais été aussi solide. »
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