
Livret A : les banques françaises économisent un milliard d’euros

Pour des «raisons d’intérêt économique national», le gouvernement a décidé de laisser inchangé le taux du Livret A et du Livret développement durable et solidaire (LDDS) à 3%. La stricte application de la formule légale aurait pourtant dû entraîner une hausse du rendement du produit d’épargne préféré des Français à 4,1%.
Cette décision défavorable aux épargnants va profiter à la Caisse des dépôts, aux bailleurs sociaux, aux assureurs et aussi aux banques françaises qui assument environ 40% du paiement des intérêts du Livret A. L’annonce du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, du maintien du taux à 3% le 13 juillet peu après 13h a d’ailleurs été ressentie jusqu’à la Bourse de Paris. L’action Société Générale en a profité pour accélérer sa hausse, clôturant sur un rebond de 2% quand le CAC 40 avançait de 0,5%.
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Selon les calculs de JPMorgan, la Société Générale est la banque française cotée qui profite le plus de cette décision. Les analystes estiment que l’absence d’augmentation du rendement du Livret A à 4% aura un impact positif de 2,6% au niveau du bénéfice net par action (BNA) 2023 du groupe. Estimé à 96 millions d’euros, le gain atteindrait 9% du profit de la banque de détail de la Société Générale en France cette année.
60 millions pour le Crédit Agricole
L’effet serait moins sensible pour le Crédit Agricole avec un surplus de 60 millions d’euros et 1,1% au niveau du BNA et presque anecdotique pour BNP Paribas (+0,6% sur le BNA et 66 millions d’euros). Les deux banques en ont d’ailleurs moins profité en Bourse avec des hausses de 1,25% et 0,55% respectivement jeudi.
L’aubaine devrait en revanche être marquée pour les banques non cotées et notamment pour BPCE et la Banque Postale qui sont les réseaux historiques de distribution du Livret A.
Compte tenu des 542 milliards d’euros d’encours du Livret A et du LDDS et d’un taux de prise en charge de 40% par les banques, le coût d’une augmentation du taux de 1,1 point à 4,1% au 1er août – soit un rendement moyen sur l’année de 3,38% contre 2,92% finalement - se serait élevé à près d’un milliard d’euros en 2023 pour l’ensemble du secteur (hors éventuelles stratégies de couverture). Autant d’euros qui, faute d’être redistribués aux épargnants, le seront, peut-être, aux emprunteurs. A moins qu’ils ne viennent renforcer les profits, comme le marché semble l’anticiper.
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