
Les jeunes recrues de Goldman Sachs réclament la semaine de 80 heures

Surmenés, dépressifs, insomniaques… Les jeunes recrues chez Goldman Sachs vivent mal leur rythme de travail effréné et le font savoir. Treize d’entre eux ont partagé leur retour d’expérience après un an passé en tant qu’analyste, le grade le plus junior, au sein de la banque d’investissement. Révélé dans une présentation aux couleurs de la banque américaine qui a fait le tour des réseaux sociaux, ce sondage interne est si accablant qu’il aurait poussé Goldman Sachs à réagir.
Les jeunes banquiers réclament ainsi un retour à la semaine… de 80 heures. Depuis le mois janvier, le temps de travail hebdomadaire moyen des 13 salariés atteindrait 98 heures. En conséquence, chacun dort en moyenne cinq heures par nuit et s’endort à 3 heures du matin. «Mon corps me fait mal en permanence et mentalement, je suis au fond du trou», indique l’un d’eux dans la présentation. «J’en étais arrivé à un point où je ne mangeais pas, ne me douchais pas et ne faisais rien d’autre que travailler du matin jusqu’à minuit passé», explique un autre. L’état mental et physique de ces nouveaux recrutés s’est donc nettement dégradé : les répondants le notent à moins de 3 sur 10, contre 9 sur 10 avant leur embauche.
Ces banquiers veulent aussi que Goldman Sachs respecte la «politique du vendredi soir» : pas de travail après 21 heures les vendredis, ni les samedis toute la journée. Ils réclament, surtout, une meilleure organisation et circulation de l’information au sein de la banque, pour éviter d’être corvéables à merci, de devoir tenir des délais irréalistes, et avoir à retoucher jusqu’à la dernière minute des présentations aux clients.
Le questionnaire est forcément orienté et n’a pas la valeur statistique d’un sondage. Mais il met le doigt sur une réalité de Wall Street, la charge de travail des professionnels de la banque d’investissement. La mort d’un stagiaire de Bank of America à la City, après 72 heures de travail en continu, avait défrayé la chronique en 2013. Depuis, le secteur a tenté de redorer son blason en communiquant sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. «Il faut le reconnaître, nos employés sont très occupés, car l’activité est forte et les volumes à des niveaux historiques», indiquait jeudi un porte-parole à Bloomberg.
Les firmes de Wall Street, qui font moins rêver les jeunes diplômés qu’il y a quinze ans, jouent leur attractivité. Les 13 banquiers interrogés placent à 35% la probabilité d'être encore chez Goldman Sachs dans six mois.
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