Les grandes banques françaises démontrent l’intérêt de l’achèvement de l’Union bancaire

La zone euro représente 39% dans les engagements internationaux des grands groupes bancaires français à fin 2021, rapporte la Banque de France.
Bertrand De Meyer
BDF Banque de France
La Banque de France a publié un bulletin sur l’activité internationale des grands groupes bancaires français.  -  RK.

C’est un constat sans équivoque. «Les grandes banques françaises apparaissent clairement comme des acteurs européens», conclut la Banque de France dans un bulletin sur l’activité internationale des grands groupes bancaires français. BNP Paribas, BPCE, le Crédit Agricole, le Crédit Mutuel, la Société Générale et HSBC Continental Europe, qui représentent 86% de l’ensemble du secteur bancaire français avec un total d’actifs consolidés de 8.073 milliards d’euros à fin 2021, sont d’ailleurs considérées comme des «banques importantes» placées sous la supervision directe de la Banque centrale européenne (BCE) depuis 2014. Et pour cause : la zone euro représente 39% de leurs engagements internationaux à fin 2021, devant les autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) hors Union européenne (UE) (environ 34%). L’Union hors zone euro (environ 11%) complète le podium.

Consolidation du secteur bancaire européen

Ce poids de la zone euro n’est pas le fruit du hasard. «Ces dernières ont su accompagner le processus d’intégration européenne amorcé il y a un peu plus de vingt ans avec la création de la monnaie unique. Ainsi, alors qu’en 2005 la zone euro (hors France) ne représentait que 27% de leurs engagements internationaux, un niveau supérieur au poids de la région dans le Produit intérieur brut mondial (17%), elle concentre près de 40% des engagements fin 2020 malgré un poids moindre dans le PIB mondial (12%)», expliquent Isabelle Bottineau, Jérôme Coffinet et Chloé Le Meur de la Banque de France. Pour les économistes, le maintien de la dynamique durant la crise sanitaire atteste que «la mise en œuvre de l’Union bancaire européenne permet une résilience des financements intra-zone euro, même en cas de situation économique dégradée».

La période correspond aussi aux progrès du marché bancaire unique avec la mise en œuvre du « livre unique » en 2014 et d’institutions comme le Mécanisme de surveillance unique (MSU) et le Mécanisme de résolution unique (MRU). En liant évolution juridique et résilience des financements, les économistes se donnent finalement des arguments pour défendre l’Union bancaire. «Afin de parachever l’intégration de l’Union bancaire, il apparaît nécessaire de faciliter la gestion centralisée du capital et de la liquidité des groupes à l’intérieur de la zone, et de lever les obstacles transfrontaliers à la consolidation du secteur bancaire européen», concluent-ils.

Risque de crédit plus élevé

Les grands groupes français se distinguent globalement par un degré élevé d’internationalisation. Les expositions internationales des banques françaises représentent 11% de l’ensemble des engagements internationaux au niveau mondial alors que le total des engagements du système bancaire français s'établit à 9 % de l’ensemble des engagements bancaires mondiaux. Seuls le Japon (15,4%), les Etats-Unis (13,5%) et le Royaume-Uni (12,7%) sont au-dessus. Cette présence internationale est notamment facilitée par les 1.100 filiales des six groupes, dont plus de 750 sont des entreprises financières hors établissements de crédit.

De quoi augmenter le risque des grands banques françaises? Pas vraiment, répondent les économistes de l’Institution. Certes, le risque de crédit est plus élevé pour les expositions à l’étranger (taux de prêts non performants de 2,7%) que pour les expositions nationales (1,6%). Mais il a fortement diminué pour passer de 4,1% début 2018 à 2,7% fin 2021, «ce qui traduit un assainissement des portefeuilles des grands groupes bancaires français». D’autant que les engagements internationaux sont principalement libellés en euros, 43% fin décembre 2021, ce qui limite aussi les risques de change. Finalement, «Cette diversification géographique améliore même le profil de risque général des groupes bancaires en les rendant moins dépendants de la conjoncture d’un pays ou d’une zone géographique en particulier», jugent les économistes.

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