
Les banques françaises misent sur différents projets de mutualisation des automates

Les grandes banques françaises pourraient bientôt être différenciées par leur modèle de mutualisation des automates. Trois des plus importants groupes bancaires français, BNP Paribas, le Crédit Mutuel et la Société Générale ont annoncé mardi matin étudier la mise en commun de leurs automates bancaires. «Ce partage permettrait aux clients des trois banques de bénéficier gratuitement d’un accès renforcé à l’intégralité des services proposés par leur banque sur les automates communs : dépôt et retrait d’espèces, dépôt de chèques, consultation de comptes, impression de RIB, etc.», détaille BNP Paribas dans un communiqué.
Ce projet concerne le réseau de BNP Paribas, du Crédit Mutuel Alliance Fédérale, Crédit Mutuel Nord Europe, Crédit Mutuel Maine-Anjou, Basse-Normandie et Crédit Mutuel Océan (et donc ne comprend pas le Crédit Mutuel Arkéa) ainsi que le réseau Société Générale et les banques du groupe Crédit du Nord. Encore au stade de la réflexion, il restera au stade d'étude jusqu’en décembre 2021 et pourrait être mis en place en 2023. Les questions matérielles et d’infrastructures occupent le cœur de l’étude, en parallèle du dialogue avec les parties prenantes, sans oublier les discussions avec les instances réglementaires.
Surtout, «il s’agit d’une réflexion totalement ouverte aux autres banques qui voudraient s’y joindre», précise à L’Agefi un porte-parole d’une des trois banques.
Le Crédit Agricole avance seul
Un appel du pied auquel réagit BPCE, qui a misé sur une autre solution. «Nous sommes heureux que nos confrères soient arrivés aux mêmes conclusions que nous», commente ainsi Laurent Benatar, directeur général technologies et opérations du groupe BPCE. Le groupe financier mutualiste, né du rapprochement des réseaux des Banques Populaires et des Caisses d’Epargne, avaitlancé une solution dès 2019 en partenariat avec Brink’s France pour l’exploitation et la gestion dynamique des automates des deux réseaux et de l’ensemble des banques du groupe (Crédit Coopératif, Banque Palatine).
«A l’époque, nous avions dit que nous produirions une solution ouverte, économique et simple. S’ils constatent dans leur étude un scénario permettant d’utiliser notre solution, nous sommes également prêts à la partager», propose Laurent Benatar qui insiste : «Les travaux de nature technologique durent au moins deux ans, et le déploiement industriel, de deux ans aussi, s’achèvera mi-2022. Nous sommes ouverts aux autres partenaires qui souhaiteraient rejoindre notre modèle. Notre solution n’est plus un projet, c’est un programme qui se déploie.»
Le groupe a déjà mis en œuvre sa solution dans 1.200 distributeurs automatiques sur 11.000 «en quelques semaines», et comptabilise 100.000 opérations quotidiennes. Il estime qu’il terminera le déploiement d’ici à mi-2022.
De son côté, le Crédit Agricole préfère avancer seul pour le moment : «La taille du parc d’automates du Groupe lui permet d’optimiser et d’investir de façon continue dans la mutualisation (plateforme logicielle unifiée, mise en commun de l’exploitation, de la supervision et de la maintenance etc…) et la modernisation de son parc», explique le groupe à L’Agefi. Il comptabilise 30% du parc français avec 16.000 automates.
Si les groupes justifient ces changements par les évolutions dans le paiement avec la tendance à la baisse de l’utilisation du cash, le coût pour les banques (supports et prestataires informatiques) n’est jamais loin. «Il existe plusieurs façons de faire des économies : externalisation de la gestion du distributeur, la prise en charge du distributeur automatique qui les fait sortir du compte d’exploitation ou une alliance entre différentes banques pour mutualiser les distributeurs», décrit alors un fin connaisseur du milieu à L’Agefi. «La deuxième solution peut inquiéter les grands groupes qui ont peur de perdre leur indépendance informatique», continue notre source, qui explique dans ce sens le projet des trois grands groupes à la recherche d’une plus grande compétitivité.
Ce changement structurel du monde bancaire est déjà à l’œuvre chez nos voisins. En Finlande, en Suède et aux Pays-Bas, plusieurs banques se sont déjà alliées pour mutualiser leurs distributeurs et réduire les coûts d’exploitation. Depuis 2017, ABN Amro, ING et Rabobank gèrent ainsi leurs trois réseaux de DAB via Geldservice Nederland, une coentreprise entre les trois banques créée en 2011 pour l’encaissement des fonds. Lancé début 2020, Batopin (Belgian ATM OPtimization INitiative) est un projet de Belfius, BNP Paribas Fortis, ING et KBC - soit 73% des distributeurs de billets du royaume avec près de 5.800 automates -, qui vise à remplacer les distributeurs de chacune des 4 banques par des appareils neutres d’ici fin 2024. Le 22 septembre, les six premiers distributeurs automatiques de billets neutres du pays ont justement été inaugurés.
Rassurer sur le maintien des DAB
Malgré la promesse initiale de garantir un point cash dans un rayon de 5 km du domicile ou du lieu de travail pour 95% de la population belge, les inquiétudes ont grimpé après que le quotidien Le Soir a révélé que la société ne respecterait pas sa promesse dans les provinces du Luxembourg et de Namur, et ce malgré une nouvelle version.
L’inquiétude quant à ce que rationalisation rime avec moindre accessibilité n’est jamais loin non plus en France. BNP Paribas, le Crédit Mutuel et la Société Générale ne s’y trompent pas : «L’étude portera une attention particulière à la sécurisation de l’implantation des automates dans les territoires ruraux et isolés, réaffirmant ainsi l’engagement des trois enseignes en tant que banques territoriales et relationnelles», promet ainsi le communiqué. Une étude publiée en juillet par la Banque de Francerapporte que, si plus de 99% des Français restent à moins de dix minutes d’un point de retrait, le nombre de distributeurs continue de reculer. Avec 48.710 distributeurs automatiques de billets (DAB), complétés par 25.145 points de distribution d’espèces situés dans des commerces, ce nombre a reculé de 3,2% en un an.
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