
Les assureurs n’augmenteront pas leurs prix au-delà de l’inflation

Bruno Le Maire est satisfait des engagements des assureurs pour «partager le fardeau de l’inflation» avec les Français. «Nous sommes parvenus au meilleur accord possible dans une situation très tendue pour le monde de l’assurance», a affirmé le ministre de l’Economie lors d’une conférence de presse mardi, après avoir reçu les représentants des secteurs des assurances et des mutuelles pour discuter de leurs propositions en faveur du pouvoir d’achat. «Je me réjouis que les assureurs se soient engagés à maintenir l’évolution du montant moyen des primes assurantielles au-dessous de l’inflation en 2022 et en 2023. Cela permet de mettre en place, après un bouclier énergétique et bancaire, un bouclier assurantiel pour éviter la hausse des tarifs assurantiels», a-t-il expliqué.
Concrètement, la profession s’est engagée à ce que la hausse moyenne des tarifs de l’assurance, calculée par un indice des prix des assurances de l’Insee, soit inférieure à l’indice des prix à la consommation calculé par l’Insee. «Je peux prendre, aujourd’hui, l’engagement que nous ferons nos meilleurs efforts pour contenir la prime moyenne d’assurance auto et habitation sur 2022 et 2023 en deçà de l’inflation», abonde Florence Lustman, présidente de France Assureurs. Cet engagement tient aussi pour l’assurance santé, captée dans l’indice de l’Insee. France Assureurs soulignait déjà, début septembre, que l’indice des prix à la consommation avait augmenté de 6,1% sur un an à fin juillet, contre 2,4% pour l’indice des prix des assurances.
Réunions et groupes de travail
La profession entend s’orienter vers un «pacte anti-inflation à trois volets». Celui-ci prendra d’abord la forme d’un engagement général des assureurs, notamment vers des publics cibles comme les jeunes en recherche d’emploi. «Nous sommes prêts à faire un chèque de 100 euros sur la prime auto pour ces jeunes en recherche d’emploi», affirme Florence Lustman, qui évoque aussi l’extension des contrats complémentaires santé des parents. Des engagements individuels compléteront ces annonces. Philippe Dumont, directeur général de Crédit Agricole Assurances, a par exemple annoncé la semaine dernière que le bancassureur lancera, fin 2022, une offre d’assurance habitation à destination des jeunes locataires de moins de 30 ans avant de proposer un nouveau produit d’entrée de gamme plus large début 2023.
Les assureurs veulent aussi s’attaquer «aux causes endémiques du coût de la réparation» et promouvoir les pièces de réemploi en assurance auto. Des groupes de travail vont ainsi être créés sur le sujet sous l’égide de Bercy entre assureurs, constructeurs automobiles et sous-traitants. «Il faut trouver la bonne voie de passage entre les objectifs climatiques avec moins de production et plus de réemploi, les objectifs de réindustrialisation et de reconquête industrielle, on ne peut pas le faire sans associer Stellantis et Renault, et les objectifs financiers pour faire en sorte que les primes puissent baisser», explique le ministre. Déjà, les coût flambent avec l’inflation : le prix des pièces détachées affiche une hausse moyenne de 9,8% sur un an, contre 2,2% en 2021 selon l’association Sécurité et réparation automobiles (SRA).
«J’espère pouvoir annoncer la suppression de la vignette verte courant 2023», a enfin précisé Bruno Le Maire. Réclamé clairement dans une note de position publiée début 2022 par France Assureurs, cette mesure s’inscrit dans «un choc de simplification». «La lutte contre la non-assurance, à laquelle ces documents sont destinés, peut en effet être menée plus efficacement par le biais du Fichier des Véhicules Assurés (FVA), opérationnel depuis 2019», argumente France Assureurs.
Vers des hausses comprises entre 3% et 5% en 2023
Après les efforts des banques, cet engagement intervient dans un contexte particulier pour les assureurs. Alors que les événements climatiques de grande ampleur qui ont touché la France de janvier à août ont généré 1,4 million de sinistres pour un coût estimé pour l’industrie de l’assurance à 5,2 milliards d’euros hors sécheresse selon France Assureurs, l’industrie a martelé ces dernières semaines faire face à des «super-sinistres» en opposition des «superprofits» d’autres secteurs. «Les assureurs sont dans une situation très particulière», a reconnu Bruno Le Maire.
Dans ce contexte, les primes d’assurance augmenteront bien en 2023. Compte tenu de la pression mise par le gouvernement, mais aussi du niveau limité de la capacité d’ajustement des assureurs automobiles en termes de marges et des hausses de tarif de la réassurance en habitation, le cabinet spécialisé Facts & Figures anticipe une hausse des prix de 3% à 5% en auto, de 3% en habitation et de 3% à 5% pour les complémentaires santé l’année prochaine.
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