Le coût du risque se rappelle au bon souvenir des banques

Dans le sillage de Steinhoff et de Carillion ainsi que de la remontée des taux, la baisse massive du coût du crédit semble arrivée à son terme.
Julien Beauvieux
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L’attention des analystes se porte à nouveau sur le risque de crédit.  -  Crédit Thinkstock.

Après plusieurs exercices de baisse, le coût du crédit aux corporates pourrait bien avoir entamé son rebond cyclique au sein des grands établissements bancaires. Les dossiers Steinhoff et Carillion devraient entraîner des pertes significatives pour le secteur.

Sans lien avec ces deux sinistres, UBS pointe dans une étude consacrée à BNP Paribas que «le bas niveau du coût du risque du groupe estimé sur 2017 apparaît insoutenable». Ce dernier est ressorti à 36 points de base (pb) des encours au troisième trimestre sur l’ensemble de la banque, contre 46 pb en 2016 et 59 pb en 2013. Le phénomène a été marqué dans la banque de financement et investissement, pour partie en raison d’un effet de base lié aux provisions comptabilisées en 2016 sur le segment pétrolier et gazier. Au troisième trimestre, le coût du risque de la BFI de BNP Paribas était négatif de 1 pb, après avoir plongé à respectivement -19 pb et -24 pb au premier et deuxième trimestres.

A cela s’ajoute l’accélération de la croissance et les faibles taux d’intérêts. «De tels niveaux de taux ont beau être des plus négatifs pour les tendances de rentabilité, ils n’en sont pas moins bénéfiques au maintien de faibles coûts du risque», souligne ainsi Natixis.

Si Moody’s anticipe cette année une nouvelle baisse du taux de défaut des entreprises de la classe spéculative à 2,4% aux Etats-Unis et 1,2% en Europe, les irrégularités dans les comptes du sud-africain Steinhoff ont relancé l’attention des analystes sur le risque de crédit. L’endettement de 18 milliards d’euros, accumulé à coups d’acquisitions favorisées par les taux bas, du spécialiste de la distribution de meubles aurait généré une provision de 143 millions de dollars chez JPMorgan au quatrième trimestre. La faillite du britannique Carillion, elle, a déjà écorné les comptes du troisième trimestre de plusieurs banques, selon CreditSights. Ses analystes notent que RBS a enregistré une dépréciation de 152 millions de livres sur son portefeuille d’entreprises de la construction, contre 100 millions pour Lloyds. Les prêts non performants de la BFI de Santander UK ont grimpé de 80 à 312 millions de livres à fin septembre.

Les banques devront aussi faire face au risque procyclique des provisions comptabilisées dès l’origination des prêts, introduit par la norme IFRS9 et son pendant américain (CECL). «IFRS 9 mettra ainsi fin à la longue phase cyclique de baisse du coût du risque à laquelle nous avons pu assister ces dernières années», prévient Natixis.

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