La finance se jette dans la tech

FORMATION
Hélène Truffaut

La finance est un domaine en perpétuelle (r)évolution !, lance Olivier Bossard, professeur de finance et directeur exécutif du MSc finance à HEC Paris. Depuis 18 mois, je vois apparaître une demande croissante – exponentielle même ! – de la part de nos entreprises partenaires pour des compétences à la croisée des chemins entre finance et data science. » Et de citer les gestionnaires d’actifs, tels BlackRock et Fidelity, qui développent des techniques de construction de portefeuille et de gestion de risque reposant sur des analyses économétriques avancées, faisant appel au machine learning et à l’apprentissage en profondeur à base de réseaux de neurones multicouches. Ou encore les hedge funds, qui font appel au big data pour incorporer dans leur processus de décision les informations provenant de l’analyse sémantique de sentiments sur Twitter ou des données satellitaires. « Ces analyses, parfois en temps réel, nécessitent une expertise très technique dans le traitement des métadonnées », indique Olivier Bossard.

« A HEC Paris, nous avons réagi très vite à cette demande, et notre master en finance a été pionnier dans le monde en proposant, dès 2020, un ensemble de cours électifs spécialement dédiés à ces nouveaux domaines d’expertise, poursuit-il. Nous offrons ainsi à nos élèves des cours de blockchain, d’analyse de données, de programmation en Python, tout en les sensibilisant aussi aux enjeux de la régulation digitale et à la valeur économique des données. »

Dans la liste des technologies disruptives pour la finance, la blockchain occupe une place de choix. C’est précisément la spécialité d’Alyra, organisme de formation créé il y a trois ans pour les professionnels de la finance, de l’informatique et du conseil. « Il y avait un grand besoin de formation, explique son président, Jérémy Wauquier. C’est un écosystème très dense et de plus en plus difficile à maîtriser pour les autodidactes. »

Le créneau a certes vu se développer quelques formations initiales, telle la spécialisation « Ingénierie de la blockchain » de l’Ecole supérieure de génie informatique. Elle dispense une formation de haut niveau sur les méthodes de conception et de développement d’architectures liées aux chaînes de blocs dans la banque, le trading, l’assurance, etc. La majeure Fintech de l’Ecole supérieure d’ingénieurs Léonard-de-Vinci (ESILV) développe une formation complète sur la blockchain et le bitcoin. Le mastère spécialisé – également accessible en formation continue – Blockchain Project Design, concocté par l’ESCE, école de commerce international, et par l’école d’ingénieurs ECE, propose aux titulaires d’un bac+4/5 d’acquérir des compétences croisées en management et en ingénierie.

Mais Alyra est positionnée sur la formation continue. L’organisme propose trois parcours de formation de 12 semaines : développeur blockchain, consultant blockchain et finance décentralisée. « La blockchain a profondément changé la donne pour les professionnels de la finance, car cette technologie implique des changements d’habitude par rapport à l’existant. C’est un modèle incensurable qui se passe de tiers de confiance et qui vous place donc en position de responsabilité – il n’y a pas de hot-line en cas de problème. Il est également crucial de développer des stratégies de sécurité pour protéger les clés privées des crypto-actifs », insiste Jérémy Wauquier.

Une école blockchain

Alyra revendique 700 personnes formées sur les deux dernières années. Des salariés envoyés par leur entreprise (entre un quart et un tiers), des demandeurs d’emploi (15 % à 20 %), et des personnes en poste ayant directement financé leur formation via leur compte personnel de formation (CPF).

Aldrick Allal, lui aussi, le clame haut et fort : « En dépit des réussites de la French Tech, la France accuse un retard important dans le développement informatique, et l’on manque cruellement de codeurs sur la blockchain. Développer des smart contracts en langage Michelson sur Tezos n’a rien à voir avec PHP ou HTML ! » D’où la décision du président fondateur du groupe d’enseignement privé Diderot Education de créer une école complètement dédiée à l’écosystème blockchain. Indigo Blockchain School (IBS), c’est son nom, est en train de recruter pour sa toute première rentrée à l’automne. Elle propose un bachelor Blockchain Architect et un master Blockchain Director, avec des programmes alternant six mois de cours et six mois de stages. « Nous allons former nos étudiants à faire », insiste Aldrick Allal. Il dit avoir reçu de plusieurs grandes banques des accords de principe pour des partenariats.

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