
La Commission européenne veut une supervision financière plus intégrée

Cela fait maintenant plusieurs mois que la Commission européenne répète incessamment le même message : face au Brexit, il faut affermir la supervision des marchés financiers européens. Dernier exemple en date avec l'élaboration d’une proposition de règlement qui renforce les pouvoirs des trois autorités de supervision européennes - l’EBA, l’ESMA et l’EIOPA, qui gèrent respectivement les banques, les marchés financiers et les assurances et fonds de pension.
Le document, obtenu par l’Agefi, doit être dévoilé cette semaine. Il propose de donner aux trois autorités des compétences supplémentaires dans les domaines des fintech et de la gouvernance environnementale, tout en consolidant leur pouvoir de supervision et d’enquête. La gouvernance de chaque autorité serait aussi rendue plus efficace, à travers un nouveau comité exécutif composé de membres à temps plein – et non plus des fonctionnaires appartenant aux autorités nationales, comme c’est actuellement le cas.
Cela coûtera évidemment de l’argent, reconnaît la Commission. Hors les divers coûts liés à l’informatique, il faudrait embaucher du personnel supplémentaire – 29 pour l’EBA, 35 pour l’EIOPA et 156 pour l’ESMA. Pour compenser, les entités sous supervision se verraient imposer une contribution annuelle.
Les montants couverts ne sont pas encore connus, car ils doivent être précisés par un autre texte technique ultérieur. Mais, selon une source suivant le dossier, cette taxe ne devrait pas dépasser le million d’euros par an pour les plus grands établissements.
Le texte ne dit rien, en revanche, d’une possible fusion de l’EBA et de l’EIOPA en une seule entité – un modèle couramment appelé «Twin Peaks» dans les milieux européens. La Commission européenne semble en effet avoir abandonné cette idée, pourtant avancée en mars dernier, et bénéficiant d’un certain soutien au sein du Parlement européen. La raison ? Les Etats membres, qui veulent tous attirer autant d’agences européennes que possible, auraient vu d’un mauvais œil une proposition qui réduirait les parts de gâteaux disponibles.
La proposition n’aborde pas non plus la question de la relocalisation de l’EBA, actuellement située à Londres. Cette question sera tranchée par un vote des Etats membres en novembre. Rappelons que huit Etats membres, dont la France, espèrent récupérer cette entité.
Plus d'articles du même thème
-
Le nouveau dilemme européen du déploiement de Bâle 3
Sans parler de retour en arrière ou de dérégulation, l’Europe semble désormais consciente d’être allée plus vite et plus loin que les autres juridictions en matière de règlementation bancaire. L’optimisation des règles qui restent encore à produire dans le cadre de la transposition du dernier paquet bancaire de Bâle 3 et de la mise en œuvre de la FRTB cristallise l’attention du secteur. -
Thomas Verdin (BM&A Reg Tech) : «L’application des règles de Bâle a un coût opérationnel important»
La finalisation des règles de Bâle obligera les banques, qui étaient habilitées à n’utiliser que des méthodes internes de mesure des risques, à comparer ces résultats avec une méthode dite standard, à partir de données externes. Thomas Verdin, directeur associé de BM&A Reg Tech, explique simplement quelles sont les implications opérationnelles de ces changements. -
Le Parlement européen vote un report de CSRD
Le Parlement européen a voté le report des dates d’application des nouvelles législations de l’UE sur le devoir de vigilance et la publication d’informations en matière de durabilité pour certaines entreprises.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions