
La BCE compte rendre la supervision des banques plus intrusive et efficace

Claudia Buch imprime sa marque sur la supervision bancaire en Europe. La nouvelle présidente du Conseil de supervision unique à la Banque centrale européenne a annoncé d’importants changements dans la manière dont l’institution contrôle chaque année les établissements de crédit. Plus simple, mais parfois plus intrusive, la méthode Buch a été publiée ce mardi 28 mai dans un blog sur le site de la BCE.
Le superviseur unique, qui coiffe environ 130 banques directement depuis 2014, entend réformer le SREP, le Supervisory review and evaluation process. Cette revue annuelle, menée par la BCE et les autorités nationales au niveau de chaque banque, porte sur les modèles d’affaires, la gouvernance et la gestion des risques. Elle permet de déterminer, au-delà des règles générales, les exigences en fonds propres particulières de chaque établissement, le « Pilier 2 », dans le jargon des régulateurs financiers.
A lire aussi: Le piège russe se referme sur les banques européennes
Parce que «les changements structurels et les chocs externes ont rendu l’évaluation des risques plus complexe», la supervision doit évoluer, écrit Claudia Buch. Là où chaque équipe de supervision examine aujourd’hui tous les risques avec la même intensité, le SREP pourra se montrer demain plus flexible. Les contrôleurs se concentreront sur quelques éléments prioritaires, «le SREP deviendra plus court et se rapprochera d’une supervision en temps réel». Si aucun grand changement n’a été constaté dans le profil de risque d’une banque, les décisions du superviseur pourront être mises à jour tous les deux ans et non plus chaque année.
Les changements structurels et les chocs externes ont rendu l’évaluation des risques plus complexe
Le calcul des exigences en capital sera revu
Les banques ne doivent pas pour autant s’attendre à plus de clémence. «Cela ne signifiera pas moins de supervision ou une approche ‘light’», prévient Claudia Buch. Celle-ci entend user de tous ses pouvoirs lorsque le gendarme bancaire constatera des manques et grimper plus vite à l'échelle de la riposte graduée - laquelle peut entraîner une limitation des bonus ou des dividendes versés par la banque. «Le nouveau SREP rendra la surveillance plus efficace et intrusive, en utilisant toute la palette des outils de supervision que la loi rend disponible», ajoute l’Allemande, qui a succédé au 1er janvier à l’Italien Andrea Enria.
La BCE compte améliorer sa communication avec les banques supervisées. Elle va investir dans ses systèmes informatiques pour faciliter la collecte et le traitement des données, notamment en explorant les apports de l’intelligence artificielle.
La réforme du processus de supervision fait suite au rapport d’un groupe d’expert publié en avril 2023. Elle commencera à s’appliquer à partir du deuxième semestre et jusqu’au cycle 2026 qui fixera les exigences du régulateur pour cet exercice-là. En parallèle, la BCE va modifier sa méthode de calcul des exigences en capital de pilier 2, que le rapport d’experts jugeait «conceptuellement faible».
Plus d'articles du même thème
-
EXCLUSIF
Les gestionnaires de taux contiennent leur panique
Les prévisionnistes de L’Agefi tendent à ajouter une baisse de taux à six mois tout en diminuant leurs prévisions pour les taux longs aux Etats-Unis et en augmentant celles sur la zone euro. -
Harvest commence à sortir du bois après sa cyber-attaque
Sonia Fendler, directrice générale adjointe chez Harvest, est intervenue à la Convention annuelle de l’Anacofi, quelques jours après s'être exprimée lors d'une réunion organisée par la CNCGP. Elle a donné des premiers éléments d’explications sur l’origine de la fuite de données et confirmé que la période d’indisponibilité des services ne sera pas facturée. -
Le nouveau dilemme européen du déploiement de Bâle 3
Sans parler de retour en arrière ou de dérégulation, l’Europe semble désormais consciente d’être allée plus vite et plus loin que les autres juridictions en matière de règlementation bancaire. L’optimisation des règles qui restent encore à produire dans le cadre de la transposition du dernier paquet bancaire de Bâle 3 et de la mise en œuvre de la FRTB cristallise l’attention du secteur.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions