
Jane Street invente le stage payé 250.000 dollars par an

C’est sans doute un record mondial, reflet des nouveaux rapports de force à Wall Street. Le géant américain du trading quantitatif, Jane Street, propose jusqu’à 250.000 dollars d’indemnités sur une base annuelle à ses stagiaires. Repérées par le FT Alphaville, les offres sont toujours visibles sur le site du groupe.
A New York, Jane Street propose actuellement 29 postes ouverts au recrutement. Parmi eux, une dizaine de stages de fin d’études. Pour travailler, de mai à août, comme trader quant ou spécialiste en recherche quantitative, pas besoin d’un cursus en finance. «Nous cherchons des gens intelligents et ambitieux qui aiment résoudre des problèmes difficiles», explique le groupe dans ses offres d’emploi. Pour ces profils très geeks, qui nécessitent une connaissance du langage Python, l’indemnité de stage est fixée à 250.000 dollars.

D’autres profils sont moins rémunérateurs. «Seulement» 175.000 dollars pour un stagiaire dédié à l’organisation des process internes, et qui entend être diplômé en 2026. Même tarif pour un assistant sales et trading, si possible hispanophone ou lusophone.
Jane Street recrute également à Londres et à Hong Kong, mais pour ces deux places financières, les offres publiées ne font pas mention des rémunérations proposées.
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Une machine à profits
Fondé en 2000 par des anciens d’IBM et du hedge fund Susquehanna, le discret opérateur de marché a connu une croissance spectaculaire ces dernières années. Il a notamment profité de l’essor des fonds indiciels cotés (ETF, exchange-traded funds), dont il est l’un des principaux teneurs de marché dans le monde. En 2023, ses revenus nets de trading ont franchi pour la quatrième année la barre des 10 milliards de dollars. Au premier semestre 2024, ils seraient en hausse de 78% à 8,4 milliards, rapportait le FT le 7 octobre.
Son taux de marge dépasse 70%, selon le prospectus d’une émission obligataire que le groupe a réalisée en début d’année. Avec ses quelque 2.600 salariés à fin 2023, la maison affiche un taux de profit par tête bien supérieur à celui d’un Goldman Sachs. Des quatre fondateurs, seul le dernier, Rob Granieri, est encore présent dans la société, mais parmi un groupe de 40 associés qui prend ses décisions collectivement et se partage des fonds propres évalués aujourd’hui à 24 milliards de dollars.
Avec un tel niveau de rentabilité, pas étonnant que ce géant de Wall Street propose des rémunérations XXL. «Si vous n’avez jamais pensé à une carrière dans la finance, vous êtes en bonne compagnie», glisse malicieusement Jane Street dans ses offres d’emploi.
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