
Finances dans le couple : la théorie du pot de yaourt

Dans le couple aussi la finance peut vous jouer de mauvais tours. Si l’Insee estime encore l’écart entre le revenu moyen des femmes et celui des hommes dans le secteur privé à plus de 20%, une nouvelle étude montre que la vie à deux peut être un facteur supplémentaire d’appauvrissement pour la femme. En effet, dans le cas d’un couple hétérosexuel, l’écart de revenus moyens entre hommes et femmes passe de 9% entre personnes célibataires à 42% en couple, selon un article de l’Observatoire Société et Consommation.
Titiou Lecoq, romancière française, s’est penchée sur la question dans son livre Le couple & l’argent, publié aux éditions L’Iconoclaste et part d’une métaphore pour expliquer ce phénomène : la théorie du pot de yaourt vide.
Elle repose sur la vie de deux individus, Roméo et Juliette, couple moderne, tous deux salariés et disposés à partager les frais du ménage qu’ils forment. Avec l’arrivée d’un enfant, le couple décide que Juliette réduira son contrat de travail à 80%. Elle pourra ainsi veiller sur le nouveau membre de la famille, le mercredi notamment. Malgré le changement de statut et une organisation modifiée, le tandem maintient le partage des coûts à parts égales. Quelques années après, Roméo décide d’acheter une nouvelle voiture. Un modèle que Juliette n’aurait jamais pu se payer seule, mais dont les frais d’entretien et le prêt sont couverts par le salaire de Roméo. Consciente de cette dépense supplémentaire, Juliette va rapidement vouloir compenser sur les dépenses quotidiennes, dont les fameux pots de yaourt. Quelques années plus tard ils se séparent. Roméo part avec la voiture qu’il a achetée, normal. Juliette se retrouvera avec les pots de yaourt vides.
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Le partage n’est plus total
«Les routines mises en place dès la première cohabitation vont façonner le mode de gestion financière du couple qui s’inscrira dans le temps», explique Ingrid Voléry, docteur en sociologie, dans cet article. Finalement, les tourtereaux ont suivi une idée simple, basée sur une organisation égalitaire mise en place dès le début de vie du ménage. Mais l’exemple caractérise les changements d’organisation de la société qui influent sur la façon de gérer les finances d’un même foyer alimentées par deux individus et non plus un.
Alors que la mise en commun des ressources financières et des dépenses au sein d’un même foyer était l’une des seules solutions pour nos grands-parents, cette pratique tend à disparaître. «La plupart des observations de terrain suggèrent que l’argent n’est pas considéré comme un bien ‘commun’ au sein de la famille. Les travaux empiriques récents vont même systématiquement à l’encontre de l’idée du ‘partage total’ au sein du couple», expliquent Sarah Benmoyal Bouzaglo et Corina Paraschiv, professeurs des universités, dans un article publié dans la revue Gérer et Comprendre en 2021.
Un phénomène qui mériterait d’être bien connu des conseillers financiers afin qu’ils puissent, sans tomber dans le paternalisme, prévenir leurs clientes que toutes les dépenses ne se valent pas et qu’un pot de yaourt n’est pas un investissement. Même quand il s’agit d’une voiture.
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