
Deutsche Bank entre dans l’ère post-restructuration

La période ne se prête pas à la présentation de plans stratégiques par les banques. Deutsche Bank a maintenu le sien jeudi, et a réussi à se faire entendre, dans un marché pourtant focalisé sur la Russie et l’Ukraine. Après de bons résultats en 2021, la banque a dressé un bilan positif de son plan de restructuration mis en route depuis 2018 et a annoncé de nouveaux objectifs pour les années à venir. Ces annonces ont été bien accueillies. Le cours de Deutsche Bank a limité son recul à 0,67%, pour un indice des banques européennes en baisse de 3,25%.
A horizon 2025, Deutsche Bank veut atteindre un rendement sur capitaux propre de 10%, contre 8% anticipés en 2022 et 6,4% en 2021. La banque s’attend par ailleurs à une croissance de ses revenus nets de 3,5% à 4% par an sur les quatre prochaines années, pour atteindre 30 milliards d’euros, contre 25 milliards en 2021. La structure veut aussi améliorer son efficacité opérationnelle en visant un ratio de coût sur bénéfices, le coefficient d’exploitation, à 62,5%, contre 70% en 2021 et attendu au même niveau pour 2022. Cet objectif apparaît ambitieux car inférieur à la moyenne des grandes banques européennes ces dernières années. Les banques françaises, par exemple, ont atteint un coefficient d’exploitation moyen de 65,4% lors du dernier exercice.
A l’instar de ses pairs en Europe, Deutsche Bank compte rémunérer ses actionnaires. En cas de succès de son plan, elle prévoit donc des distributions de dividendes d’environ 8 milliards d’euros pour les exercices 2021-2025, et vise un ratio de distribution de 50% de ses bénéfices à cette échéance, soit en ligne avec la moyenne du secteur.
Pour atteindre ses objectifs, la banque continuera à appliquer les mêmes recettes que celles qu’elle met en place depuis plusieurs années : réduction du risque, maîtrise des coûts, recentrage sur ses activités principales, et accélération de sa digitalisation.
Elle veut maintenant développer un modèle de banque universelle, en augmentant progressivement la proportion de ses activités à revenus stables, comme la banque privée, la banque d’entreprise et la gestion d’actifs, par rapport à sa banque d’investissement, qui mobilise toujours aujourd’hui plus de la moitié de ses ressources.
Passer la crise
Le numéro un allemand a aussi, lors de la présentation de ce plan, insisté sur sa capacité à passer sans trop d’encombre la période actuelle, en publiant ses ratios financiers au 28 février 2022. A cette date, le rendement moyen de ses capitaux propres atteignait 10,6%, contre 8,6% au 28 février 2021. Son coefficient d’exploitation s’établissait à 64,1%, en baisse par rapport à 68% sur la même période de 2021 et inférieur à l’objectif de 70% pour l’année 2022.
Mercredi, Stuart Lewis, directeur des risques de Deutsche Bank avait affirmé dans un communiqué que les expositions directes du groupe à la Russie étaient «actuellement très limitées et gérées de près». La banque présente une exposition brute sur ses prêts russes de 1,4 milliard d’euros et une exposition nette de 600 millions d’euros «après prise en compte des garanties». «La grande majorité de l’exposition de Deutsche Bank aux produits dérivés de la Russie a été dénouée», ajoute-t-elle.
Mais plus que l’exposition directe, ce sont les risques opérationnels qui sont surveillés, notamment vis-à-vis de son important centre technologique localisé dans le pays. «Le centre de services technologiques en Russie est l’un des nombreux centres technologiques dans le monde et ne présente aucun risque significatif pour la continuité des activités du fonctionnement des opérations mondiales de Deutsche Bank. Le centre compte quelque 1.500 employés, soit environ 5 % des effectifs technologiques internes et externes du groupe», a indiqué la banque. Précision utile.
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