
Deutsche Bank déçoit malgré un résultat record

Deutsche Bank a su mettre les difficultés derrière elle. Mais la première banque allemande, qui vient de boucler un plan de restructuration de quatre ans, n’a pas pour autant convaincu les investisseurs jeudi. Son titre plongeait de 6,5% en Bourse à la clôture, peu après les annonces de la Banque centrale européenne (BCE). Et ce, malgré la publication d’un profit annuel record de 5,7 milliards d’euros, au plus haut depuis 15 ans, dépassant les attentes des analystes.
Ce résultat a toutefois été soutenu par un effet d’aubaine comptable de 1,4 milliard d’euros résultant d’une réévaluation des actifs d’impôts différés aux États-Unis qui lui a permis d’atteindre son objectif en termes de rentabilité. Deutsche Bank a publié un rendement des capitaux propres tangibles (RoTE) de 9,4 % pour 2022, confortablement au-dessus de l’objectif de 8% fixé dans le cadre de son plan engagé en 2019. Sans ce coup de pouce comptable, le RoTE aurait été de 6,7%, en-deçà de sa cible. « Bien que le bénéfice net ait été stimulé par une réévaluation des actifs d’impôts différés (DTA), le résultat reflète principalement l’exécution disciplinée du programme de transformation de la Deutsche Bank, qui en a fait une banque plus ciblée et plus efficace », relève néanmoins S&P Global Ratings.
Si la restructuration a porté ses fruits, les résultats publiés jeudi ne semblent pas pour autant suffisants pour promettre des étincelles cette année. « Nous concluons que le redressement de Deutsche Bank sous la direction du PDG Sewing est remarquable, mais il y a peu de choses dans ces résultats pour changer les attentes en matière de bénéfices, si ce n’est le risque d’une légère dégradation potentielle pour 2023 », jugent les analystes actions de JPMorgan.
Des perspectives décevantes pour 2023
La banque allemande, qui a bénéficié de la remontée des taux en 2022, a légèrement revu sa cible de revenus attendus pour 2023 de 28 milliards d’euros à une fourchette comprise entre 28 et 29 milliards d’euros. « Nous ne nous attendons pas à plus », relèvent les analystes de JPMorgan «étant donné la relativement faible performance de sa banque d’investissement ». Cette dernière a vu ses revenus reculer de 12% au dernier trimestre de l’année. Le trading de taux et devises (FIC), moteur historique de Deutsche Bank, a quant à lui profité de la volatilité, avec des revenus en hausse de 27% au quatrième trimestre, mais il reste en deçà des attentes et légèrement inférieur à la moyenne des cinq grandes banques américaines (+ 28%).
Les investisseurs ont également été déçus par le report des annonces concernant les rachats d’actions. Deutsche Bank, qui a promis de retourner 8 milliards d’euros de capital à ses actionnaires d’ici à 2025, a décidé de repousser son programme jusqu’à nouvel ordre en raison de «l’environnement macroéconomique et réglementaire », a expliqué son PDG.
Pour rattraper son retard et convaincre les marchés, Deutsche Bank veut continuer ses efforts en matière de réduction des coûts. Le coefficient d’exploitation de 74,9 % est légèrement supérieur aux attentes, « ce que nous attribuons principalement à la faiblesse des revenus de la banque d’investissement et à une charge de provisions légales supérieure à la moyenne au quatrième trimestre », note S&P Global Ratings. La réduction des dépenses et la gestion très étroite des coûts ont néanmoins permis une nette amélioration en comparaison des 84,6 % rapportés en 2021. Christian Sewing, le président du directoire de Deutsche Bank, qui a annoncé son intention de réduire de 2 milliards d’euros les coûts d’ici à 2025, a déjà mis en place plusieurs mesures et n’exclut pas de devoir couper dans les effectifs par la suite.
Plus d'articles du même thème
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions