
Brexit, le plus dur commence

L’acte 2 du Brexit est lancé. La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, le 31 janvier, coïncide avec une nomination qui ne doit rien au hasard, celle d’Andrew Bailey à la tête de la Banque d’Angleterre. Au Canadien Mark Carney succède un spécialiste de la régulation financière, rompu à la défense des intérêts d’une City toujours prompte à dénoncer l’excès de zèle communautaire, par exemple lorsqu’il s’est agi de plafonner les bonus des banquiers après la crise de 2007-2008.
L’expérience du nouveau gouverneur sera précieuse pour aider la place de Londres à mener jusqu’au bout un divorce qui s’annonce houleux (lire page 16). Car Savid Javid, le chancelier de l’Echiquier, a placé d’emblée sur un terrain conflictuel les négociations autour du futur accord commercial entre les blocs britannique et continental. Londres, qui veut aboutir avant fin décembre, n’entend pas s’aligner sur les règles européennes ni se laisser dicter sa loi. Cette divergence assumée remplit les promesses de campagne de Boris Johnson et démontre que le gouvernement, désormais assuré d’une confortable majorité au Parlement, fait corps autour de son Premier ministre. Le nouveau pouvoir en place ne se contente pas de bander ses muscles face aux négociateurs européens ; il est convaincu, à juste titre, que seule une complète autonomie réglementaire permettra de réaliser un Brexit en bonne et due forme.
Cette profession de foi promet des frictions dans la relation commerciale entre les deux puissances. Dans le grand marchandage à venir se joue la capacité du Royaume-Uni à obtenir, et plus encore à conserver, un régime d’équivalence pour ses services financiers au-delà de 2020. Que cet accès au marché continental paraisse mal assuré, en étant révocable du jour au lendemain, et la City cessera d’être la base arrière de la finance européenne. L’histoire récente ne plaide pas non plus en faveur d’un laisser-faire réglementaire outre-Manche. La myopie des superviseurs, dont Andrew Bailey, dans plusieurs affaires dommageables aux épargnants particuliers, comme l’effondrement du fonds Woodford, y est déjà décriée.
L’Union européenne devra donc rester ferme sur ses principes. Elle a démontré depuis 2016 qu’elle savait ne pas transiger en matière de respect des règles du marché intérieur. La Suisse, privée de l’équivalence boursière qui permettait à ses opérateurs d’avoir un accès direct aux investisseurs de l’UE, parce qu’elle tardait à ratifier l’accord-cadre de partenariat économique avec son voisin, peut en témoigner.
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