
BNP Paribas reste bénéficiaire au premier trimestre

BNP Paribas a mieux résisté que prévu au choc du coronavirus au premier trimestre, mais ses résultats ont fléchi sous l’effet de pertes sur certains produits financiers et d’une remontée des provisions pour créances douteuses, dans un contexte économique qui s’annonce durablement dégradé.
La banque a publié mardi un résultat net en baisse de 33% au trimestre écoulé, à 1,28 milliard d’euros. Le résultat d’exploitation a reculé de 32%, à 1,31 milliard d’euros.
Si plusieurs activités du groupe affichent toujours des performances solides après un bon début d’année, le déclenchement de la crise sanitaire et économique en mars a pesé de plusieurs manières sur les résultats du trimestre. Le coût du risque, qui mesure les pertes attendues sur les prêts accordés, ressort à 67 points de base du total des encours de crédit, au lieu de 38 points de base il y a un an. Cet indicateur devrait s’inscrire en nette hausse en 2020, mais la banque n’a pas fourni de prévision chiffrée.
BNP Paribas a également subi une perte de 184 millions d’euros sur ses produits structurés en raison de la suspension des dividendes exigée par plusieurs autorités européennes, alors que le groupe avait intégré ces dividendes dans ses modèles de valorisation. La baisse des marchés d’actions en mars s’est par ailleurs traduite par des pertes comptables de 384 millions d’euros sur les portefeuilles détenus par la branche d’assurance du groupe.
Le produit net bancaire (PNB) a pour sa part essuyé un repli limité de 2,3% au premier trimestre, à 10,89 milliards d’euros. La banque a calculé que son activité aurait progressé de 2,8% hors éléments exceptionnels liés à la crise.
Les analystes prévoyaient en moyenne un résultat net de 908 millions d’euros et un PNB de 10,79 milliards d’euros, selon FactSet.
Des performances contrastées selon les métiers
Dans le détail, la branche Domestic Markets, qui comprend la banque de détail en France, a vu son activité fléchir de 1,2%, à 3,91 milliards d’euros, davantage pénalisée par la faiblesse des taux d’intérêt, qui érode la marge des banques, que par les conséquences de l'épidémie. Les encours de crédit ont toutefois progressé de 3,5% sur le trimestre.
Le PNB de la division International Financial Services, centrée sur le crédit à la consommation, la gestion d’actifs et l’assurance, a diminué de 5,4%, à 4,05 milliards d’euros. La bonne performance opérationnelle de cette branche a été compensée par la baisse des marchés financiers intervenue en fin de trimestre, qui a affecté le pôle Assurance.
Dans la banque de financement et d’investissement (CIB), l’activité a été très contrastée selon les métiers et s’inscrit globalement en baisse de 1,9%, à 2,95 milliards d’euros. Au sein des activités de marché, les produits de taux et de matières premières dégagent des revenus en hausse de 35%. La banque d’affaires (Corporate Banking) affiche une croissance de 10,4%, ayant su tirer partie de certaines conséquences de la crise en pilotant de nombreuses émissions obligataires lancées par les entreprises pour conforter leurs liquidités.
En termes de rentabilité, le pôle CIB reste globalement dans le vert sur le trimestre, mais avec des résultats sous pression, le résultat avant impôts reculant de 61%, à 202 millions d’euros, sous l’effet notamment des pertes sur les produits structurés.
Un exercice 2020 sous le signe du coronavirus
Pour l’ensemble de l’année, BNP Paribas a indiqué anticiper un recul de 15% à 20% de son résultat net et s’est montrée pessimiste sur les perspectives de reprise économique en Europe. Le groupe a évoqué dans son communiqué « un retour à des conditions sanitaires normalisées qui ne peut être attendu avant la fin de l’année et un retour à un niveau de PIB comparable à 2019 qui n’est pas anticipé avant 2022 ». Dans ce contexte, le groupe souhaite amplifier la baisse de ses frais de gestion (-3,5% au premier trimestre), mais estime que ces économies pourraient être absorbées par la hausse du coût du risque.
Le groupe pourra compter sur des réserves de capitaux abondantes, avec un ratio de fonds propres CET1 nettement supérieur au minimum réglementaire. Ce ratio de solvabilité ressort à 12% fin mars, contre 12,1% fin 2019.
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