
La Société Générale, en perte, plonge en Bourse

L’action Société Générale plonge de plus de 7% à la mi-séance, à 14,5 euros, après la publication jeudi d’une perte nette de 326 millions d’euros au premier trimestre. La banque a avancé la publication de ses résultats, prévue à l’origine le 6 mai.
Alors plusieurs de ses concurrentes, comme Barclays et UBS, ont profité de la volatilité des marchés, la banque de financement et d’investissement accuse une perte nette de 537 millions d’euros sur le trimestre, en raison de la flambée de la volatilité en février et mars et des annonces de suppressions de dividendes. Celles-ci ont coûté 200 millions d’euros aux activités de dérivés sur dividendes.
En raison des difficultés des dérivés actions, dont la Société Générale est un leader mondial, le pôle actions a vu ses revenus réduits à néant. «Les impacts du mois de mars sont extrêmement violents, sur des paramètres de marché comme la volatilité et la corrélation. En avril, ces paramètres ont commencé à se stabiliser» a expliqué Séverin Cabannes, directeur général délégué de la Société Générale, aux journalistes, sans vouloir en dire davantage sur les activités de marché en avril. «Dès qu’on a vu apparaître la crise Covid-19 en Asie, nous avons réduit notre appétit pour le risque», a ajouté le dirigeant.
Les activités taux, change et crédit ont en revanche enregistré une hausse de 32% sur un an (52% hors activités en extinction) de leurs revenus.
Fraudes
Au premier trimestre, le coût du risque de la Société Générale a bondi à 65 points de base (821 millions d’euros), contre 21 point de base à la même période un an plus tôt, du fait d’une hausse des provisions dans le contexte de la crise du Covid-19 et de «certains dossiers, dont deux dossiers exceptionnels de fraude», a indiqué le groupe. La banque était notamment exposée au courtier en matières premières Hin Leong à Singapour, qui a dissimulé des pertes.
Le groupe anticipe désormais, pour l’ensemble de l’année 2020, un coût du risque d’environ 70 points de base dans un scénario de base selon lequel l’impact de la pandémie se traduirait par une baisse du produit intérieur brut (PIB) de 5,8%, 6,8% et 2,3% respectivement en France, en zone euro et dans le monde en 2020.
Le coût du risque monterait à «environ 100 points de base dans un scénario d’un arrêt prolongé» impliquant une baisse du PIB en 2020 de 11,1%, 12,8% et 7,8% respectivement en France, en zone euro et dans le monde, a indiqué la banque dans un communiqué.
Le groupe affichait à fin mars un ratio de solvabilité Common equity tier one (CET 1) de 12,6%, contre 12,7% à fin décembre, «soit environ 350 points de base au-dessus de l’exigence réglementaire». A fin 2020, l’objectif est d’atteindre «un ratio CET1 extériorisant une marge de manœuvre comprise entre 200 et 250 points de base au-dessus des exigences réglementaires, en fonction de l’hypothèse retenue de distribution d’un dividende exceptionnel», soit 11% à 11,5%, a indiqué le groupe.
La banque a par ailleurs annoncé un «effort additionnel» de réduction de coûts de 600 à 700 millions d’euros cette année. Il s’agira de dépenses discrétionnaires: arrêt de voyages, moindre recours aux sous-traitants, reports de projet et gel d’embauches, mais sans réductions d’emploi en 2020 en France au-delà des projets déjà en cours.
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