
Ana, Jane et Bettina au royaume des banquiers

Elles sont désormais trois ! Trois sur des dizaines, certes, mais trois tout de même. Trois femmes à diriger de grandes banques occidentales.
Il y a encore quelques jours, elles n’étaient que deux, avant que Bettina Orlopp ne soit nommée directrice générale de Commerzbank en remplacement de Manfred Knof. Dans un contexte de potentielle acquisition de la banque allemande par UniCredit, elle n’hérite pas d’une situation particulièrement confortable, qui peut même être rapprochée du concept de «falaise de verre» («glass cliff») qu’évoquait ma collègue Mathilde Castagna dans cet article et selon lequel les femmes ont tendance à accéder à des postes de direction dans lesquels le risque d’échec est élevé.
Mais, en attendant de connaître l’avenir de Commerzbank, Bettina Orlopp est bien là et rejoint Ana Botin, présidente exécutive de Santander, et Jane Fraser, directrice générale de Citi, dans le club très fermé des femmes dirigeantes de grands établissements bancaires.
Ana Botin a effectué l’essentiel de sa carrière chez Santander avant de succéder à son père en 2014. De son côté, Jane Fraser affiche un parcours particulièrement inspirant. Alors qu’elle travaillait chez McKinsey, celle qui dirige désormais une des plus importantes banques du monde a décidé de se mettre à temps partiel pour s’occuper de ses enfants. Et elle estime que si elle ne l’avait pas fait, elle ne serait sans doute pas arrivée là où elle est aujourd’hui.
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La filière McKinsey
L’histoire ne dit pas si Bettina Orlopp, mère de deux enfants, s’est également mise à temps partiel au cours de sa carrière mais elle partage plusieurs points communs avec Jane Fraser. Elle aussi est passée par McKinsey et, comme la DG de Citi, qui a repris des études pour passer un MBA à la Harvard Business School, elle a validé un doctorat plusieurs années après avoir obtenu son diplôme à l’Université de Regensburg. Elle rejoindra Commerzbank en 2014 et connaîtra une ascension expresse, devenant membre du comité exécutif en charge de la conformité, du juridique et des ressources humaines, puis directrice financière, en 2020.
Sa nomination à la tête de Commerzbank est aussi l’occasion de rappeler qu’en France, malgré des efforts sur la féminisation de leur gouvernance, toutes les grandes banques sont (toujours) dirigées par des hommes.
Pour trouver des femmes à la direction d’établissements bancaires dans l’Hexagone, il faut descendre d’un cran, au niveau des filiales, des branches ou d’entités régionales. Stéphanie Paix est ainsi directrice générale de Natixis, filiale de BPCE désormais retirée de la cote, Isabelle Loc a récemment pris les rênes de la banque de détail en France de BNP Paribas, Claire Dumas est directrice financière de la Société Générale et Hélène Bernicot dirige le Crédit Mutuel Arkea.
L’une d’entre-elle – ou une autre – accèdera-t-elle un jour aux manettes d’un Crédit Agricole SA, qui s’apprête à changer de directeur général, d’une Société Générale, d’un BPCE ou d’un BNP Paribas ?
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