
Allianz Direct reprend l’assurtech Luko pour 4,3 millions d’euros

Le devenir de Luko et de son portefeuille de 250.000 contrats d’assurance multirisques habitation est enfin tranché. Selon un délibéré rendu le 24 janvier et consulté par L’Agefi, le tribunal de commerce de Bobigny a jugé l’offre de reprise d’Allianz Direct, la filiale d’assurance en ligne du groupe allemand, «globalement satisfaisante». La compagnie était, de fait, la seule candidate à la reprise après le retrait du courtier en ligne Magnolia et de l’assurtech Leocare qui ont décidé de ne pas soutenir leurs offres lors de l’audience qui s’est tenue la semaine dernière.
En difficultés pour lever des fonds, Luko, qui promettait de révolutionner le marché français de l’assurance habitation, avait été placé en procédure de sauvegarde l’été dernier. Puis en redressement judiciaire le 22 novembre, après que l’assureur britannique Admiral, propriétaire en France de la marque L’Olivier, a retiré son offre de reprise.
Allianz s’était déjà positionné avec une première offre de 14 millions d’euros, ramenée à... 4 euros en décembre, quand Luko avait été déclaré en cessation de paiements. Le prix de cession global arrêté aujourd’hui pour les actifs de Luko Cover et de sa société mère Demain ES est de 4,3 millions d’euros. Cela inclut le fonds de commerce, la marque et les actifs technologiques.
Allianz Direct accélère son implantation en France
«L’acquisition du portefeuille d’assurance habitation français est soumise à l’approbation des autorités réglementaires et devrait être mise en œuvre au printemps 2024», précise Allianz Direct dans un communiqué. Cela va permettre à la filiale d’assurance en ligne du groupe allemand d’accélérer son implantation en France comme annoncé à la fin 2023.
Allianz Direct, qui assure déjà 3 millions de clients en Allemagne, aux Pays-Bas, en Italie et en Espagne, «va continuer à élargir son offre de produits et sa base de clients sous la marque Luko», prévient l’assureur. Cela fait d’ailleurs déjà grincer des dents les agents généraux d’Allianz France qui redoutent un effet de concurrence déloyale, alors que leur compagnie mandante, dans un contexte de dégradation de la sinistralité, les force à faire passer des majorations tarifaires auprès de leurs clients.
Reprise intégrale des salariés
Le tribunal de commerce de Bobigny, chargé de statuer sur la solidité financière du repreneur ainsi que la pérennité de son projet pour assurer l’avenir de Luko et ses salariés, a jugé l’offre d’Allianz Direct «partiellement satisfaisante». Elle l’est surtout «sur le plan social» puisque Allianz Direct reprend l’intégralité des salariés, à savoir 84 employés de Demain ES, la maison mère, et 28 employés de Luko Cover.
La filiale de la compagnie s’engage, par ailleurs, à «ne procéder à aucun licenciement sur les deux prochaines années» et à verser une prime de partage de la valeur de 1.500 euros à chacun des salariés. Elle compte toutefois proposer une mobilité interne au sein du groupe Allianz ou des départs volontaires pour une dizaine de postes, ce qui devrait lui permettre d’économiser 2,2 millions d’euros à horizon 2025.
Sur le plan financier, «l’offre d’Allianz Direct est relativement insuffisante pour pouvoir désintéresser les créanciers», parmi lesquels le fonds Triplepoint Capital et BNP Paribas, «mais satisfaisante par son montant, eu égard à l’absence d’autres candidats concurrents à la reprise». Par ailleurs, Allianz Direct s’est engagé à investir 25 millions d’euros pour soutenir le développement de Luko et assumer le coût social de la reprise. L’assureur prévoit pour la fintech un retour à la rentabilité en 2027 et financera l’intégralité des pertes attendues – de 25 millions d’euros – sur ses fonds propres.
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